Le prix Nobel de la paix, Denis Mukwege invite le gouvernement congolais, les Nations unies, l’Union africaine et les partenaires bilatéraux et régionaux de la RDC à tirer les conséquences de des preuves fournies par les experts onusiens, confirmant l’agression rwandaise contre le Congo.
Au regard des éléments révélés par le rapport de l’ONU, Mukwege fait savoir que des « sanctions doivent être prises sans plus tarder, tant sur le plan politique, diplomatique, économique que militaire conformément aux résolutions 1807 et 2293 du Conseil de sécurité des Nations unies qui sanctionnent, notamment, les personnes et entités qui se livrent à des actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité de la République démocratique du Congo ».
« Après plus d’un quart de siècle de conflits à répétition ayant entrainé des millions de morts, de femmes violées et de déplacés, la communauté des Etats ne peut plus accepter passivement que la population congolaise subisse des agressions à répétition des pays voisins commettant directement ou par procuration des atrocités de masse visant à déstabiliser l’Est de la RDC pour piller les ressources minières et naturelles dans un climat d’impunité généralisé », a-t-il dit.
Pour Denis Mukwege, « cette grande criminalité transnationale dont le Rwanda est l’un des principaux acteurs depuis 25 ans avec la complicité de certains compatriotes corrompus doit cesser maintenant ».
Il faut urgemment réformer les services de défense et de sécurité
La seule solution durable à la sécurisation et à la pacification du pays est selon Mukwege, la réforme urgente du secteur de la défense et de la sécurité car, souligne-t-il, « Nous ne pouvons compter éternellement sur l’assistance des Nations unies ni poursuivre une politique d’externalisation de notre sécurité nationale par des Etats tiers ».
Le moment est venu, estime-t-il, de définir rapidement une politique de défense adaptée aux défis du présent et du futur, allouer les moyens nécessaires pour mettre en œuvre la loi de programmation militaire et mobiliser une réelle volonté politique pour réformer les forces de défense.
Par ailleurs, ajoute-t-il, « nous ne pouvons continuer à accepter que certains éléments de notre armée nationale collaborent avec certaines milices qui déstabilisent notre pays ».
Mettre en œuvre la justice transitionnelle
Le prix Nobel de la paix appelle à mettre fin au cycle infernal de la violence et de l’impunité. « Le monde ne peut continuer de fermer les yeux sur les atrocités commises en RDC depuis plus d’un quart de siècle », a-t-il indiqué appelant à adopter et mettre en œuvre une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle en RDC.
« A l’instar de tous les peuples, les congolais ont droit à la justice, à la vérité et à des réparations mais aussi à des garanties de non répétition des atrocités. La justice est un outil primordial pour prévenir la répétition des conflits mais est la pièce manquante du puzzle pour instaurer la paix en RDC. Il s’agit d’une condition préalable à la réconciliation et à la coexistence pacifique en RDC et dans la région des Grands Lacs africains« , a-t-il dit.
Mukwege exhorte ainsi les dirigeants congolais et les partenaires privilégiés de la RDC comme les Nations unies, les Etats-Unis et l’Union européenne à créer les conditions propices pour le développement d’un commerce propre et transparent des ressources dont regorge la RDC et à faire respecter les droits humains et les principes de base du droit international par tous les États dans la région des Grands Lacs africains.
Reagan Ndota