La Belgique riposte aux mesures rwandaises. Le chef de la diplomatie belge a annoncé lundi la résiliation des accords bilatéraux de coopération intergouvernementale conclus entre Bruxelles et Kigali. Accusé par l’administration Kagame de « continuer à se mobiliser systématiquement contre le Rwanda dans différents forums, utilisant mensonges et manipulations pour créer une opinion hostile injustifiée à l’égard du Rwanda, dans le but de déstabiliser le pays et la région », la Belgique a affirmé qu’une « réponse forte et unie » de l’UE à l’agression rwandaise était « nécessaire » compte tenu « de la violation de l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo et de la poursuite des violences dans l’est du pays ».
Le Rwanda a rompu ses relations diplomatiques avec la Belgique, quelques minutes après l’annonce des sanctions européennes contre les hauts responsables de l’armée rwandaise et dirigeants du M23. Motivant sa décision, Kigali a accusé Bruxelles d’avoir « pris parti » pour Kinshasa « bien avant et pendant le conflit en cours en RDC », alors que la Belgique a estimé que l’objectif de ces sanctions est d’exercer une pression sur toutes les parties pour qu’elles cessent les hostilités et viennent à la table des négociations.
Le chef de la diplomatie belge a rejeté les raisons avancées par le Rwanda pour justifier la rupture des relations diplomatiques, précisant que la Belgique ne cherche pas à punir ou à affaiblir le Rwanda.
« Le seul principe directeur de la Belgique reste le respect des droits de l’homme, de l’État de droit et du droit international humanitaire », a déclaré Maxime Prévot, soulignant que cette position est partagée par l’ensemble de l’UE et d’autres partenaires internationaux, y compris le G7. Selon lui, cela montre qu’il ne s’agit pas d’une position isolée et que la Belgique n’a pas besoin de convaincre ses partenaires.
En réaction aux mesures rwandaises, Bruxelles a annoncé notamment la résiliation de ses accords bilatéraux avec Kigali.
« La décision du Rwanda n’est pas restée sans réaction. Le ministre Maxime Prévot a décidé des mesures réciproques : convocation du chargé d’affaires par intérim du Rwanda, déclaration des diplomates rwandais persona non grata avec obligation de quitter le territoire belge dans les 48 heures, et résiliation de nos accords bilatéraux de coopération intergouvernementale », a annoncé le ministère belge des Affaires étrangères.
Les sanctions européennes, qui prévoient une interdiction de se rendre dans l’UE ainsi qu’un gel des avoirs dans l’Union pour neuf personnes, visent trois hauts gradés rwandais, Ruki Karusisi, Eugène Nkubito et Pascal Muhizi ; le directeur général de l’Office rwandais des mines, du pétrole et du gaz, Francis Kamanzi ; et des leaders du groupe rebelle M23, dont son président Bertrand Bisimwa.
Kinshasa, de son côté, a estimé que la dernière vague de sanctions de l’Union européenne, ainsi que celles récemment annoncées par les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, le Canada à l’encontre du Rwanda, renforcent la conviction de la communauté internationale quant à la responsabilité directe du gouvernement rwandais dans la dégradation de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC.