Le président rwandais, Paul Kagame est longuement revenu, dans son message de nouvel an, sur la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC. Lui qui affirme vouloir faire de 2023 une année de paix, nie l’implication de son armée dans la destabilisation du pays de Félix Tshisekedi, pourtant confirmée par les experts onusiens.
L’homme fort de Kigali pense, par ailleurs, que si cette situation persiste depuis de vingt ans, c’est parce que « la RDC ne veut pas ou ne peut pas gouverner son territoire ». Et de s’interroger « le Rwanda devrait-il supporter seul le dysfonctionnement de cet immense pays ? ».
Kagame appelle ainsi à cesser « la diffamation injustifiée » du Rwanda, rejetant indirectement les conclusions du rapport des experts de l’ONU qui ont, néanmoins, apporté des preuves des interventions de l’armée rwandaise sur le territoire congolais et le soutien aux rebelles du M23.
Alors que la communauté internationale appelle le Rwanda à mettre fin à tout appui aux groupés qui tuent et pillent en RDC, le président rwandais brandit, de son côté, la collaboration entre l’armée congolaise et les rebelles FDLR, sans la prouver.
Il s’est limité à affirmer que son pays est directement touché « lorsque les restes des milices qui ont commis le génocide au Rwanda deviennent des forces auxiliaires de l’armée de la RDC et mènent des attaques à travers notre frontière ».
« Aucun pays ne peut accepter cela. Le Rwanda n’acceptera jamais cela comme normal et répondra toujours de manière appropriée, car notre sécurité et notre stabilité sont primordiales. Nous n’aurions pas pu apprendre mieux de notre histoire. Il y a plus d’une centaine de groupes armés qui fleurissent dans l’est du Congo, dont des milices génocidaires rwandaises comme les FDLR. Ces groupes créent une insécurité constante pour les civils en RDC et au Rwanda », a-t-il dit.
Par ailleurs, il a salué le déploiement de la Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est « pour aider à stabiliser l’Est du Congo ».
« Cependant, ces efforts ne porteront pas leurs fruits, à moins que l’approche inutile de la communauté internationale ne change de manière significative », a-t-il alerté.
Selon lui, Il est décevant que la communauté internationale ne fasse qu’apologie de la paix et finisse par compliquer les choses, ce qui, regrette-t-il, sape les processus régionaux.
« Après avoir dépensé des dizaines de milliards de dollars pour le maintien de la paix au cours des deux dernières décennies, la situation sécuritaire dans l’Est du Congo est pire que jamais », a-t-il déploré.
Pour expliquer « cet échec », Paul Kagame indique que « certains membres de la communauté internationale accusent le Rwanda, même s’ils savent très bien que la véritable responsabilité incombe en premier lieu au gouvernement de la République démocratique du Congo, ainsi qu’à ces acteurs extérieurs qui refusent de s’attaquer aux causes profondes de ce problème ».
Le président rwandais fustige, en outre, le fait que, selon lui, la communauté internationale ne dit la vérité qu’à voix basse, craignant de déplaire au gouvernement congolais et de compromettre leurs propres intérêts.
Reagan Ndota