Le prix Nobel de la paix, Denis Mukwege appelle les autorités congolaises à diligenter une enquête pour faire la lumière sur le carnage opéré en Ituri, afin d’établir les responsabilités et traduire les auteurs en justice.
Depuis décembre 2022, au moins 195 civils ont été tués, selon l’ONU, par les groupes armés CODECO et Zaïre opérant dans les territoires de Djugu et Mahagi, en Ituri.
Mukwege regrette le fait que la population civile vit dans l’insécurité et la peur, malgré l’instauration de l’état de siège depuis plus de 20 mois. « De nouveaux massacres de masse qui seraient attribués à la milice communautaire Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO) ont eu lieu mi-janvier dans la Province de l’Ituri, au Nord-Est de la République Démocratique du Congo (RDC) », a-t-il dénoncé.
« La découverte récente de quatre fosses communes où ont été enterrées près de cinquante personnes en Territoire de Djugu, dans des entités proches du Lac Albert, endeuille à nouveau la Nation congolaise. Les corps de civils, dont des femmes et des enfants, retrouvés dans trois fosses communes de Nyamamba et dans une fosse à Mbogi, alourdissent le bilan humain, déjà tragique, des violences de groupes armés dans la région », fustige-t-il.
Cette détérioration de la situation sécuritaire, fait remarquer Mukwege, entraîne une aggravation de la situation humanitaire dans la province de I’lturi, où le nombre de personnes déplacées s’élève à plus de 1.5 million.
Ainsi, exhorte-t-il, l’ONU à renforcer significativement l’équipe d’experts médico-légaux mandatée par le Conseil des droits de l’homme pour contribuer à exhumer les fosses communes les plus récentes mais aussi celles liées aux crimes du passé commis dans l’Est du Congo.
Aux autorités congolaises, Denis Mukwege suggère d’inviter officiellement la Commission internationale sur les personnes disparues (ICMP), basée à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine et active notamment en Irak et en Ukraine, à effectuer une mission en RDC pour bénéficier de son assistance technique et soutenir la mise en place d’un Bureau congolais d’expertise médico-légale.
Le prix Nobel de la paix laisse entendre que ces démarches constituent des prérequis indispensables à la genèse de la justice transitionnelle en RDC et au respect des droits des familles des personnes disparues à obtenir la vérité, la justice et des réparations.
Reagan Ndota