Le représentant permanent du Rwanda à l’ONU, Claver Gatete, a accusé l’armée congolaise et les rebelles des FDLR de continuer de violer l’intégrité territoriale de son pays, prouvant ainsi, dénonce-t-il, l’intégration des génocidaires dans les forces gouvernementales de la RDC.
Selon le diplomate rwandais, qui intervenait lundi au briefing du Conseil de sécurité de l’ONU sur la RDC, le « soutien » du gouvernement congolais aux FDLR démontre que Kinshasa « n’est pas intéressé par la paix ».
Claver Gatete a regretté que la Monusco et le Conseil de sécurité, bien qu’ils aient pleinement conscience de la volonté du gouvernement de la RDC de collaborer avec les FDLR, n’aient pris « aucune mesure de fond ». Au lieu de cela, a-t-il relevé, le Rwanda est devenu le « bouc émissaire de l’insécurité » dans l’Est de la RDC.
Le représentant du Rwanda s’est aussi étonné que le rapport du secrétaire général de l’ONU ne fasse pas mention des FDLR, alors même que ce groupe armé est « le principal orchestrateur de l’instabilité dans l’Est de la RDC ».
Selon lui, cette milice se démarque des plus de 120 groupes armés opérant dans l’est de la RDC sur trois plans : « son savoir-faire militaire, son vaste réseau économique et son indéfectible soutien aux Forces armées de la RDC ». Compte tenu de l’imposition de sanctions à son encontre, le groupe des FDLR aurait dû être désarmé et renvoyé au Rwanda pour y faire face à la justice pour son rôle dans le génocide de 1994 contre les Tutsi, a-t-il fait valoir.
Le Rwanda reste néanmoins déterminé à travailler au sein des mécanismes en place, en particulier les processus de Nairobi et de Luanda, a assuré Gatete, pour qui le gouvernement de la RDC bloque la mise en œuvre de ces efforts, notamment en empêchant la Force régionale d’Afrique de l’Est d’exécuter son mandat.
Il a cependant observé que l’application des accords de Nairobi et de Luanda progressent, comme en attestent le déploiement des forces régionales de l’Afrique de l’Est, la sécurisation du cessez-le-feu et le retrait du M23 des territoires qu’il occupe. Si, idéalement, ces réalisations devraient être suivies par la RDC pour rapprocher la région de ses objectifs de paix, Claver Gatete a constaté qu’il n’en est rien et qu’aucune mesure sans ce sens n’a été prise par ce pays.
Dans ces conditions, tant que Kinshasa soutiendra les FDLR génocidaires et d’autres « éléments antirwandais », le Rwanda maintiendra ses mécanismes défensifs et préventifs pour se prémunir contre les violations de ses frontières et de son espace aérien, et assurer la sécurité totale de son territoire, a-t-il prévenu, appelant la communauté internationale à soutenir les processus de Luanda et de Nairobi, qui demeurent « notre meilleure chance de paix et de stabilité pour la région ».