La championne pour la lutte contre les violences sexuelles en temps de conflit, Nadine Tunasi, a participé vendredi au débat public annuel du Conseil de sécurité de l’ONU sur les violences sexuelles liées aux conflits.
Dans son intervention, elle a déploré le fait que « la RDC est devenue un endroit dangereux pour vivre en tant que femme et jeune fille parce que les agresseurs s’en tirent impunément, semblent avoir de solides alliés et un soutien international ».
Nadine Tunasi a rappelé au gouvernement de la RDC sa responsabilité d’entamer le dialogue national et de sensibiliser la population locale sur ce qui se passe, de soutenir les survivants et survivantes et de condamner la stigmatisation sous toutes ses formes.
Par ailleurs, elle a appelé la communauté internationale à mettre fin à la politique de deux poids, deux mesures qui consiste à condamner rapidement certains auteurs et à fermer les yeux sur d’autres.
Ainsi, a-t-elle conseillé d’élargir la compétence de la Cour pénale internationale (CPI) pour combler les lacunes. Mais la réponse internationale doit être cohérente, a-t-elle plaidé.
« En outre, la participation des survivantes est essentielle dans l’effort de sensibilisation à la violence sexuelle liée aux conflits, à ses impacts et à la manière de renforcer une justice centrée sur les survivants. Le rôle des militantes et des militants contre les violences sexuelles est de créer une plateforme grâce à laquelle davantage de survivantes et survivants participent à la prévention », a expliqué Nadine Tunasi.
Elle a souligné que « la violence sexuelle constitue un crime contre l’humanité, elle est brutale, délibérée et vise à punir et à humilier les individus et leurs communautés ».
De nombreuses victimes souffrent de traumatismes physiques et psychologiques, de blessures de longue durée, d’infection par le VIH, de grossesses non désirées, a-t-elle déclaré. « La mère supporte seule le fardeau de l’exclusion. Les hommes et les garçons sont confrontés à la dénonciation et la stigmatisation. », Tunasi a déploré l’absence de dispositions juridiques réglementant le viol des hommes.
Pour sa part, Tariq Ahmad, représentant spécial du Premier ministre du Royaume-Uni pour la prévention des violences sexuelles dans les conflits et ministre d’État au sein du ministère des Affaires étrangères, du Commonwealth et du développement, a estimé que si, au cours des quinze dernières années, le Conseil de sécurité a mis en place un cadre solide pour prévenir les violences sexuelles, il demeurait toujours un fossé entre ces exigences et la réalité sur le terrain.
Pour combler ce déficit, le Royaume-Uni a collaboré avec la Fondation Mukwege pour lancer un nouveau guide sur les obligations des États en matière de violence sexuelle liée aux conflits, a rappelé le ministre d’État, qui a encouragé les gouvernements, la société civile et les activistes à tirer le meilleur parti de « cet excellent outil ». Il a en outre rappelé qu’une conférence internationale sur la prévention de la violence sexuelle dans les conflits avait rassemblé en novembre dernier à Londres plus de 1 000 délégués, dont des survivants et des experts.
L’ONU a révélé que la République démocratique du Congo (RDC), avec 701 cas, est le pays qui compte le plus de cas vérifiés de violences sexuelles liées aux conflits.