Le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde est interpellé à l’Assemblée nationale. Le chef du gouvernement devra s’expliquer devant les députés nationaux sur les tueries de plus de 50 civils perpétrées le 30 août 2023 à Goma au Nord-Kivu par la Garde républicaine. Cette initiative parlementaire est du député Gratien de Saint-Nicolas Iracan.
L’ultimatum donné à Sama Lukonde de démissionner avec toute son équipe gouvernementale au plus tard le 15 septembre, n’a pas été respecté. Ainsi, l’élu de Bunia qui a estimé que le massacre de Goma est « une flagrance avérée », dévoilant selon lui, « la complicité et l’échec de plusieurs membres du gouvernement à bien gérer le pays mais surtout à protéger le peuple » a décidé de passer à la vitesse supérieure. Il a saisi ce vendredi le bureau de la Chambre basse du Parlement pour l’enregistrement de son initiative contre le Premier ministre.
« Faisant suite au Communoqué N°007/IGN/DN/IT/09/2023 portant un appel aux Députés nationaux intègres pour la signature d’une motion de censure contre le 1er ministre après le massacre des civils orchestrés le 30 août 2023 à Goma, nous venons d’initier une interpellation contre le Premier ministre, à pouvoir expliquer devant la représentation du Peuple ce qui s’est réellement passé dans la ville de Goma, ayant amené la mort de plusieurs de nos compatriotes. Le courrier a été déposé au cabinet du président de l’Assemblée nationale ce vendredi 15 septembre 2023 à 14h 28 minutes, enregistré sous le numéro 31915 », a-t-il annoncé dans un communiqué parvenu ce vendredi à Afriquactu.net.
Appel à la mobilisation pour l’inscription de l’interpellation à l’ordre du jour
Dans la foulée, Gratien Iracan a appelé la communauté tant nationale qu’internationale à suivre de près la procédure pour que l’affaire ne soit pas classée sans suite.
« C’est l’occasion pour nous de décrier pour des raisons jamais élucidées, la non-programmation de plusieurs initiatives parlementaires de contrôle en faveur du peuple. Cette fois le peuple doit rester éveillé », a souligné l’élu de Bunia, rappellant que l’interpellation est une procédure conforme au Règlement intérieur régissant l’Assemblée nationale à son article 192.
« Elle peut par la suite déboucher sur une motion de censure au cas où la responsabilité du Gouvernement est mise en cause selon l’article 197. Le peuple est dans son droit d’être éclairé par son gouvernement après ce drame enregistré. L’article 194 recommande au bureau de l’Assemblée nationale d’inscrire l’interpellation à l’ordre du jour de la séance la plus proche. Le peuple est appelé à rester vigilant pour faire respecter et triompher de son droit », a-t-il conclu.
Il y a une semaine, Iracan avait appelé ses collègues députés nationaux à se préparer à signer la motion de censure pour limoger le gouvernement, sous peine d’être qualifié complice d’un massacre qui se rapproche d’un crime d’Etat.
Le carnage de Goma a provoqué un tollé. Dans un communiqué, l’association des mouvements citoyens et groupes de pression a annoncé l’organisation d’une marche le lundi 18 septembre à Goma pour revendiquer : la libération des survivants du carnage, ne pas organiser l’enterrement avant la libération des survivants et solliciter au président de la République de décréter « le deuil national ».