Depuis quelques mois, les présidents de l’Angola et du Burundi ont pris des initiatives pour faciliter le dialogue entre la RDC et le Rwanda car, pour eux, les solutions militaires à elles seules ne seront pas suffisantes. Cependant, ce processus de négociation est « bloqué », dénonce le chef de la diplomatie congolaise, accusant Kigali de maintenir son soutien aux « terroristes » du M23 au Nord-Kivu.
Face aux appels incessants de la communauté internationale au dialogue et à la diplomatie, le gouvernement de la RDC qui se dit « ouvert » pose quelques conditions avant de se mettre autour d’une table avec le Rwanda, notamment la fin de l’agression et le retrait total des troupes rwandaises du territoire congolais.
En outre, précise Christophe Lutundula, ministre congolais des Affaires étrangères, ce dialogue doit se limiter sur des questions bilatérales car, prévient-il, la RDC n’acceptera pas un dialogue « en violation de la Constitution, de notre intégrité territoriale et de notre indépendance ».
« Le processus est bloqué, et nous sommes clairs là-dessus ; si on veut qu’il y ait un dialogue avec le Rwanda, pour nous, il doit être clairement entendu que le Rwanda doit quitter le territoire congolais, mettre fin à l’agression ; que le Rwanda doit cesser de soutenir les terroristes du M23. Si nous devons aussi dialoguer avec le Rwanda, il doit être clairement entendu que, c’est pour parler des questions bilatérales. Nous n’allons pas changer la géographie, c’est clair ! La politique des Etats se trouve aussi dans leur géographie. Mais le Congo n’est pas un pays offert, le Congo est un pays ouvert. Donc, si on continue dans la situation actuelle, aucune autorité congolaise n’est disposée à négocier quoique ce soit. On ne refuse pas, c’est dans la logique des relations internationales. Nous sommes à l’EAC, à la CIRGL avec le Rwanda, aux Nations unies et l’Union africaine », a-t-il déclaré.
Les relations entre les deux pays « sont restées tendues, caractérisées par la poursuite des diatribes et des accusations concernant les activités persistantes du M23 et des FDLR et les attaques présumées planifiées sur le territoire de l’autre pays », a indiqué le dernier rapport du secrétaire général de l’ONU.
Selon ce document consulté par Afriquactu.net, le 27 juillet, un soldat congolais a même échangé des tirs avec un soldat de la Force de défense rwandaise (FDR) à Rutagara, près de Goma, en RDC. Entre le 16 mars et le 10 septembre, toujours selon le rapport, le M23 aurait mené 97 attaques contre des civils, causant la mort de 124 personnes, dont 15 femmes et 11 enfants.
A la dernière réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, le représentant de la RDC avait indiqué que la priorité demeure la restauration de la paix dans la partie orientale du pays. Cela suppose, a expliqué Zénon Mukongo, la fin de l’agression rwandaise, le retrait vérifié de toutes les troupes du Rwanda, y compris des éléments de son armée dissimulés parmi les M23, le cantonnement de ce groupe armé, le retour des populations déplacées dans leurs foyers pour y exercer leurs droits civiques le 20 décembre 2023, le retour des enfants à l’école et la jouissance de leur droit à l’éducation, dont ils sont privés depuis l’agression rwandaise.