De la politique aux armes. Après le chaos électoral organisé en 2018, Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), décide de se rebeller contre la République démocratique du Congo (RDC). L’exilé qui, ces derniers mois, s’est montré extrêmement virulent contre le régime Tshisekedi, se rallie au M23 et à Twirigwaneho, des rébellions sanctionnées par l’ONU, pour, dit-il, « refonder l’Etat congolais ».
C’est depuis Nairobi, capitale du Kenya, que Corneille Nangaa, aux côtés de Bertrand Bisimwa, président du M23, a lancé « l’Alliance Fleuve Congo », une plateforme politico-militaire qui veut prendre le pouvoir par la force, violant ainsi l’alinéa 2 de l’article 64 de la Constitution, qui dispose que « toute tentative de renversement du régime constitutionnel constitue une infraction imprescriptible contre la nation et l’Etat ».
Pour justifier la création de son mouvement subversif, Nangaa charge le pouvoir en place d’avoir « décidé d’opérer un coup d’Etat électoral ; violé délibérément la Constitution, les lois de la République et les traités internationaux conclus par notre pays ; fait le choix délibéré de sous-traiter la sécurité nationale, en utilisant la guerre comme fonds de commerce, sacrifiant les forces armées de la RDC au profit des mercenaires étrangers et des forces négatives qui écument l’Est du pays, y semant mort et désolation ».
« Nous basant sur l’article 64 de la Constitution de la République démocratique du Congo, lançons ce jour un appel à l’union de toutes les forces politiques, sociales et militaires de la RDC, décidons d’oeuvrer ensemble pour la mise en place d’une dynamique structurée pour la refondation de l’Etat et la résolution des causes profondes des conflits récurrents pour le retour de la paix définitive en RDC », a annoncé Corneille Nangaa, qui accuse Félix Tshisekedi d’avoir instauré une gouvernance basée sur la corruption, le détournement des deniers publics, la spoliation des biens publics et privés, le tribalisme, la discrimination, les mensonges et la chasse à l’homme, et la manipulation tribalisée de la justice.
Les Congolais prêts à faire échec à l’Alliance Fleuve Congo »
Contrairement à l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) qui, au terme de la première guerre du Congo (1996-1997), avait réussi à évincer le président Mobutu du pouvoir, avec le soutien des Congolais, l’Alliance de Nangaa rencontre une farouche opposition de la population.
« J’invite les FARDC et la population à lui faire échec », a déclaré le député national Juvénal Munubo, qui souligne que « la seule alliance soutenable est celle visant la consolidation de la paix et des acquis démocratiques et non une lutte armée ».
Pour Bienvenu Matumo, activiste du mouvement citoyen Lucha, Corneille Nangaa est la caractéristique marquée de la figure du grotesque qui, à cause de sa « frustration personnelle » mobilise ses « capitaux guerriers » pour faire la violence politique pensant changer le cours des institutions établies.
« Il oublie qu’il est parmi les acteurs du hold-up de 2018 qui a abouti à la désignation de Félix Tshisekedi. Il est coupable et il finira en prison. Par ailleurs le « nouveau » chef rebelle a oublié de considérer le contexte contemporain : aucun congolais ne croit plus au salut du registre de la violence politique. Et s’appuyer sur les alliances avec le M23/RDF qui joue le jeu du Rwanda est un échec d’avance et constitue un acte de haute trahison », a tonné le militant pro-démocratie.
Corneille Nangaa a lancé son mouvement politico-militaire à un moment crucial de l’histoire de la RDC. Ce grand et riche pays de l’Afrique centrale organise son quatrième cycle électoral dans un climat tendu, Plusieurs de ses localités étant occupées par les rebelles du M23 et l’armée rwandaise.