Massacres de civils, violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC, pillage de ressources naturelles… Le Rwanda, à l’instar d’Israël à Gaza, poursuit son agression sous le silence de la communauté internationale, particulièrement l’Union européenne. Une attitude condamnée mardi devant la Chambre des représentants de la Belgique par André Flahaut, qui a exigé à nouveau des sanctions contre le pays de Paul Kagame.
L’indifférence de l’UE face à ces crises graves a poussé l’ancien ministre belge de la Défense a affirmé qu’on dirait vraiment que dans ce monde, Israël et le Rwanda peuvent faire ce qu’ils veulent, au mépris des lois internationales, des décisions de l’ONU et des rapports qui démontrent qu’il y a finalement bien une exploitation illégale ( des ressources naturelles) et des populations massacrées.
A l’occasion de l’interpellation de la cheffe de la diplomatie belge, Hadja Lahbib, André Flahaut a dénoncé également l’accord minier signé entre la Commission européenne et le Rwanda. Evoquant les 20 millions de la France pour aider le Rwanda, et aider à protéger les intérêts d’ENGIE au Mozambique, il a dit que, « c’est aussi révoltant, et c’est de plus en plus incompris au niveau du Congo ».
« Oui, il y a bien eu le message de la diplomatie. Il faut se parler. Mais je crois, madame la ministre, que vous avez pu constater qu’au niveau du Congo, ce message-là passe de plus en plus difficilement, parce que là aussi, un peu comme dans d’autres conflits, il y a deux poids et deux mesures. On dirait vraiment que dans ce monde, Israël et le Rwanda peuvent faire ce qu’ils veulent, au mépris des lois internationales, des décisions de l’ONU, et au mépris des rapports qui démontrent qu’il y a finalement bien une exploitation illégale, des populations massacrées. Comme à chaque fois – mais je ne dis pas que c’est la Belgique, car je crois que nous essayons de faire notre possible – l’Europe est divisée. On commence à faire des déclarations, des suggestions, des demandes, mais le courant ne passe plus du tout. Si on n’y prend garde, on aura des mauvaises surprises dans les prochains mois ou les prochaines semaines. Au niveau européen, nous terminons une présidence. Je ne sais pas si nos successeurs seront aussi déterminés à faire respecter le Congo, parce que c’est de cela qu’il s’agit dans ce conflit. Le Congo est le mauvais, le faible, et l’autre est le bon, le fort, bien organisé, bien structuré, etc. J’ai entendu cela dans la bouche de certains de vos prédécesseurs. Mais quelque part, il faut que le Congo et la population congolaise soient respectés aussi. Pourquoi ne parle-t-on pas, là, de façon plus déterminée, de sanctions? J’entends que votre ambassadeur sur place a tenu des propos très fermes et je crois qu’il faut les suivre. Mais à côté de cela, il faut aussi intensifier l’aide aux populations civiles. On le fait avec B-FAST et avec d’autres organisations. Des mobilisations ont lieu au niveau de la population. Il faudra peut-être aussi réfléchir à renforcer les partenariats militaires en termes de formation de l’armée congolaise dans le cadre européen. Ceci est pour votre collègue de la Défense », a-t-il déclaré.
Dans sa réponse, Hadja Lahbib a indiqué cet accord minier devrait être utilisé comme des leviers permettant d’améliorer la transparence et la traçabilité du commerce ainsi que de l’exploitation des matières premières dans la région, ce qui, selon elle, permettra d’attaquer une des causes profondes des conflits dans l’Est de la RDC.
« Tel est d’ailleurs le message que j’ai porté moi-même à Kigali et à Kinshasa », a-t-il dit, précisant que les débats intra-européens viennent seulement de commencer et différents points de vue ont été exprimés.
Il s’agit néanmoins, a-t-elle ajouté, d’un processus de longue haleine et durant lequel de multiples questions devront être clarifiées avant qu’une décision ne soit prise. « C’est la raison pour laquelle la Belgique a posé toute une série de questions aux services compétents de l’Union européenne, notamment sur le processus décisionnel et son calendrier, l’impact de la mesure d’assistance sur les perceptions que celle-ci pourrait engendrer et, surtout, sur la prise en considération d’un contexte régional plus large », a-t-elle expliqué.
Hadja Lahbib a souligné que la Belgique attend maintenant les réponses à ces questions et sera bien évidemment extrêmement vigilante à cet égard. « Nous constatons que tous les États membres ne suivent pas ces questions d’aussi près que nous. Dès lors, nous essayons de les sensibiliser en ce sens grâce à notre expertise du terrain liée à notre histoire, et il convient de la faire valoir », a-t-elle martelé.