Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, a encouragé vivement la Banque africaine de développement (BAD) à intensifier son soutien à l’industrialisation de l’Afrique afin de réduire sa vulnérabilité aux chocs exogènes, à poursuivre ses efforts d’investissement dans les secteurs clés de la santé, de l’éducation, de l’innovation, de l’énergie, de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et des infrastructures durables, gages, selon lui, d’une transformation socioéconomique certaine.
Dans sa déclaration faite mercredi 29 mai à Nairobi, au Kenya, à l’ouverture officielle de la 59e assemblée annuelle du Groupe de la Banque africaine de développement et du Fonds africain de développement, Moussa Faki a reconnu qu’au cours des dernières années, le bilan de la BAD a attesté de sa ferme volonté d’accompagner l’Afrique dans la recherche des réponses à ses problèmes.
A ce titre, a-t-il expliqué, à travers ses cinq priorités stratégiques, les « High Fives », la BAD a placé sur les rails la transformation structurelle des économies, posant les jalons de l’industrialisation et améliorant l’accès à l’électricité, à l’alimentation et aux infrastructures socio-économiques essentielles, autant de facteurs de consolidation de la productivité.
« En améliorant les conditions favorables à l’innovation et à la recherche dans les domaines clés de l’agriculture, de l’industrie et des services en vue de faciliter l’accès des économies nationales aux chaines de valeurs régionales et mondiales, la Banque a joué et continue de jouer un rôle majeur dans la facilitation du commerce et dans l’intégration intrarégionale et mondiale de telles économies. Dans ce sillage, j’encourage vivement la Banque à intensifier son soutien à l’industrialisation de l’Afrique afin de réduire sa vulnérabilité aux chocs exogènes, à poursuivre ses efforts d’investissement dans les secteurs clés de la santé, de l’éducation, de l’innovation, de l’énergie, de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et des infrastructures durables, gages d’une transformation socioéconomique certaine », a-t-il déclaré.
Pour sa part, a indiqué Moussa Faki, la Commission de l’Union africaine s’est résolument inscrite dans un esprit de positive collaboration avec la BAD. Selon lui, cette collaboration va se matérialiser, entre autres, par l’élaboration d’un cadre stratégique continental, conçu aux fins d’accompagner les Etats membres dans la mise en œuvre d’actions concrètes orientées vers une nette amélioration de la croissance dans les années à venir.
« La Commission a également apporté son plein soutien à l’initiative conjointe de la Banque africaine de développement et de la Banque Interaméricaine de développement visant l’accès aux capitaux hybrides déployés à partir de la mobilisation des DTS. Une telle mobilisation, équivalente à une source de financement complémentaire, réduira la dépendance aux emprunts traditionnels et potentiellement les coûts de financement », a-t-il expliqué.
Réforme de l’architecture financière internationale
Par ailleurs, Moussa Faki a déploré le fait que les apports de financement extérieurs dans la gestion du développement de l’Afrique ont été très loin des attentes, traduisant ainsi une injustice à l’égard de l’Afrique.
Aussi, a-t-il dénoncé la gestion du système financier international qui, échappant totalement au contrôle de l’Afrique, lui impose des coûts de financement élevés en même temps que l’impact négatif des crises financières.
Dans ce contexte, il a soulevé l’urgence de travailler à une réforme profonde de la gouvernance internationale afin de proposer et d’adopter des solutions pertinentes pour les pays confrontés aux problèmes de notation souveraine, de l’endettement excessif, des effets des changements climatiques, de l’évasion fiscale et des flux illicites, du renforcement des banques multilatérales…
Pour défendre l’intérêt de l’Afrique dans ces domaines, il a invité toutes les institutions financièes africaines à accompagner l’UA dans ce mouvement de basculement des équilibres économiques et financiers mondiaux.
« Je pense notamment à l’épineuse question de la réforme des institutions de Bretton Woods, la réforme des mécanismes de gestion de la dette, du financement du changement climatique, et du système fiscal international, notamment au regard des développements en cours en vue de l’adoption d’une Convention Cadre des Nations unies sur la Coopération fiscale internationale. Pour nous préparer à une éventuelle reconfiguration de l’architecture financière internationale, il nous revient d’accomplir sans retard nos propres réformes monétaire et financière. La mise en œuvre des institutions financièes de l’Union africaine créées depuis longtemps a trop souffert de son report. La Banque centrale africaine, la Banque africaine d’investissement, le Fonds monétaire africain ainsi que la Bourse panafricaine des valeurs mobilières, c’est maintenant qu’il faut en adopter le plan concret de mise sur les rails », a-t-il dit.
Il a aussi appelé à une reconstitution ambitieuse des ressources du Fonds africain de développement, qui est un instrument offrant des financements concessionnels indispensables pour le financement des économies africaines.
Les assises de Nairobi ont connu la participation des présidents du Kenya William Ruto, Denis Sassou Nguesso (Congo), Paul Kagame (Rwanda), Emmerson Mnangagwa (Zimbabwe), Hassan Sheikh Mohamud (Somalie) et Mohamed Menfi (président du Conseil présidentiel de l’État de Libye), le vice-président du Burundi Prosper Bazombanza et les Premiers ministres Saara Kuugongelwa-Amadhila (Namibie) et Ali Lamine Zeine (Niger). Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, était également présent.