Le Rwanda, un petit Etat enclavé de l’Afrique de l’Est, est un « allié stratégique » de l’Ouganda, son voisin, a déclaré mercredi 17 juillet le président ougandais Yoweri Museveni, vantant leur vision commune « de paix », alors que les deux pays sont accusés par le dernier rapport du Groupe d’experts de l’ONU sur la RDC de soutenir la milice Tutsi M23 qui occupe des pans entiers du Nord-Kivu.
Entre Museveni et Kagame, c’est une vieille collaboration sur fond d’intérêts économiques en RDC. Pendant la première guerre du Congo (1996-1997), ils avaient parrainé l’alliance militaire AFDL avec un commandement conjoint qui a supervisé plusieurs opérations contre Joseph-Désiré pour installer Laurent-Désiré Kabila.
Plus de 25 ans après le début de l’invasion de la RDC et à l’occasion de la réélection de Paul Kagame à la tête du Rwanda avec 99,18%, Yoweri Museveni félicitant son homologue a réaffirmé le caractère « stratégique » de l’alliance entre les deux pays.
» Votre réélection témoigne de la confiance que le peuple rwandais accorde à votre leadership. L’Ouganda reconnaît le Rwanda comme un allié stratégique partageant une vision commune de paix et de prospérité. J’ai hâte de collaborer avec vous pour le bénéfice de nos nations et de la Communauté d’Afrique de l’Est », a-t-il écrit sur son compte X.
Paul Kagame et d’autres combattants tutsis ont joué un rôle de premier plan dans la lutte qui a mené au pouvoir l’Armée de résistance nationale (ARN) de Museveni en 1986. De même, le gros du Front patriotique rwandais (FPR) qui a envahi le Rwanda et mis fin au génocide de 1994 faisait partie de l’armée ougandaise et bénéficiait du soutien de l’Ouganda. Kagame a occupé également pendant sept ans les fonctions de directeur adjoint du renseignement militaire en Ouganda.
Le Rwanda et l’Ouganda continuent de déstabiliser la RDC
Selon l’ONU, 3 000 à 4 000 soldats rwandais ont été déployés dans les territoires de Nyiragongo, de Rutshuru et de Masisi. Et nombre d’entre eux appartiennent à la deuxième et à la troisième divisions, cette dernière étant commandée par le général de division Eugène Nkubito. Les experts onusiens ont précisé que les forces spéciales des RDF étaient commandées par le lieutenant-colonel Augustin Ryarasa Migabo, qui rendait compte au major-général Ruki Karusisi.
Aussi, ajoute le rapport onusien, depuis la résurgence de la crise du M23, l’Ouganda n’a pas interdit les rebelles et les RDF ni leur passage sur son territoire, y compris lorsque le M23 a pris Bunangana, le 12 juin 2022, avec l’appui de l’armée rwandaise.
Les Nations unies ont confirmé le soutien actif donné au M23 par certains responsables de l’armée ougandaise et le commandement des services de renseignement militaire.
« Des sources de renseignement et des personnes proches du M23 ont également confirmé la présence d’officiers du renseignement militaire ougandais à Bunangana depuis au moins la fin de l’année 2023 pour assurer la coordination avec les chefs du M23, fournir de la logistique et transporter les chefs du M23 vers les zones contrôlées par le M23 », lit-on dans le rapport de l’ONU, qui a souligné que, le 27 janvier 2024, plusieurs sources ont vu des soldats ougandais passer par Kitagoma pour se rendre en République démocratique du Congo et mener des opérations dans les zones contrôlées par le M23, en particulier le groupement Busanza et la ville de Rutshuru, d’où un groupe est allé vers Tongo et l’autre vers Mabenga.