De la guerre dans l’Est du pays au carnage à la prison centrale de Makala (Kinshasa) en passant par les affres du phénomène « Mobondo » dans l’Ouest, l’Eglise catholique a réitéré mercredi sa désapprobation de la banalisation de la vie humaine en RDC. Sans ambages, la CENCO a condamné ces « ignobles attentes » à la dignité de la personne humaine, qui impliquent notamment l’armée et la police.
En RDC, « partout, c’est la désolation », dénoncent les évêques catholiques, constatant que le peuple congolais est meurtri d’une plaie profonde : les victimes des violences armées, les affamés, etc.
Pour la Conférence épiscopale nationale du Congo, il est plus que déplorable de devoir compter chaque jour des morts de suite des attaques et bavures des forces de l’ordre et de sécurité d’une part, et de la négligence de services de l’Etat d’autre part.
« Il y a un an, le 30 août 2023, c’était le massacre de plus d’une cinquantaine de personnes, dites « Wazalendo », adeptes d’une secte, à Goma, par la Garde républicaine; récemment, le 15 août 2024, la nation congolaise a été endeuillée par le massacre crapuleux d’une dizaine de jeunes du mouvement religieux Mbidi à Kilwa, par certains éléments des Forces armées de la RD Congo et de la Police nationale congolaise; le 18 août 2024, nous avons déploré la mort de 25 personnes doublée de la disparition de 160 autres dans le naufrage d’une Baleinière sur la Rivière Lukeni, dans le Maï-Ndombe, ce suite à la négligence des services de l’Etat commis à la régulation de la navigation dans nos lacs et rivières. Alors que la nation est encore dans l’attente de la lumière sur les événements malheureux susmentionnés et tant d’autres survenus à travers le pays, notamment dans les provinces de l’Est, spécifiquement dans le Nord-Kivu et en Ituri, et à l’Ouest dans le territoire de Kwamouth; au moment même où la Nation était censée rendre des hommages dignes, à Goma, à nos 200 frères et sœurs morts suite au déplacement forcé par le fait de guerre, les nouvelles provenant de la prison centrale de Makala, ce lundi 02 septembre 2024, faisant état de plus d’une centaine de morts dont un bon nombre par balles, de plusieurs blessés et des cas de viols parmi ses pensionnaires, obligent la CENCO à réitérer sa désapprobation de la banalisation de la vie humaine en RD Congo. Nous condamnons sans ambages ces ignobles atteintes à la dignité de la personne humaine », a déclaré mercredi la CENCO.
Dans ce vaste pays d’Afrique centrale, où vivent 45 millions de catholiques, les évêques ont souligné que leur amertume est d’autant plus grande en constatant que cette série d’événements malheureux est suivie d’une léthargie dans les enquêtes affichée par les autorités politico-administratives et militaires, frisant l’abandon du peuple à lui-même.
A en croire le prélat, ces phénomènes sont malheureusement la pointe de l’iceberg qui cache un drame plus profond: la négligence coupable, la légèreté et la corruption dans le système judiciaire, le non-respect de la vie humaine, la mauvaise gouvernance, etc.
Face à ce tableau sombre, la CENCO a exhorté la justice congolaise au respect des droits des justiciables et des procédures qui réglementent les arrestations. « Ceci pourrait en plus participer au processus de désengorgement des prisons mené par le gouvernement et éviter des incarcérations clandestines. Nous invitons ainsi le gouvernement à honorer ses propres engagements, surtout pour ce qui est de la construction de nouvelles prisons », a-t-elle suggéré.
Rappelant que ces faits et tant d’autres qui sont dénoncés constamment par les organisations de la société civile ternissent l’image de marque de la RDC, les évêques ont estimé « important » que les forces de l’ordre et de sécurité, censées protéger la population, se ressaisissent et ne soient pas ses propres bourreaux.
En outre, l’Eglise catholique a invité les instances judiciaires compétentes d’engager résolument des poursuites judiciaires à l’endroit des auteurs d’actes de violations des droits humains sur l’ensemble du territoire national et de les déférer devant leurs juges naturels.
Les Congolais dans leur ensemble ont été appelés à promouvoir la culture de la non-violence et du respect de la vie humaine ainsi qu’à l’observation d’une citoyenneté responsable, en veillant à l’unité et à la cohésion sociale, en vue de la restauration d’une paix durable en RDC.