L’administration Kagame a critiqué sévèrement, jeudi, la diplomatie américaine pour avoir appelé à répondre urgemment aux menaces posées par le Mouvement du M23 mars (M23), milice tutsie soutenue par Kigali, et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), rébellion à majorité ethnique hutue. Le chef de la diplomatie rwandaise, Olivier Nduhungirehe, a jugé « inapproprié » le récit d’équivalence entre les deux groupes armés opérant dans l’est de la RDC.
Mercredi, le Bureau des affaires africaines du Département d’État américain, réagissant au dernier rapport du Groupe d’experts de l’ONU sur la RDC, a souligné la nécessité de trouver une réponse urgente à la crise rwando-congolaise. Selon Washington, cette solution devrait permettre, non seulement, le « retrait immédiat » des forces rwandaises du territoire congolais, mais aussi la réponse aux « menaces du M23 et des FDLR ».
Dans sa réaction à la position américaine, Olivier Nduhungirehe a affirmé qu’il est « offensant » pour les USA « comparer une force génocidaire (FDLR) à un mouvement (M23) qui défend une communauté menacée et persécutée par la même force génocidaire ».
« Je me souviens que lorsque 300 maisons de Tutsis congolais ont été incendiées en octobre 2023 dans le village de Nturo, territoire de Masisi, par les FDLR, les milices Wazalendo et Nyatura, en présence des FARDC et des forces burundaises, on n’a vu nulle part une déclaration ou un tweet du Bureau des affaires africaines du Département d’État américain », s’est-il offusqué, appelant ainsi les USA et la communauté internationale à mettre un terme à ce qu’il a qualifié de « formules recyclées » et se concentrer sur les causes profondes de la crise dans l’est de la RDC.
Le soutien rwandais au M23 a été confirmé dans un nouveau rapport de l’ONU transmis fin décembre 2024 au Conseil de sécurité. En réaction, Washington a condamné mercredi la présence illégale de plusieurs milliers de soldats rwandais en RDC, ainsi que le soutien et les directives du Rwanda au M23 sanctionné par l’ONU et les USA, et l’utilisation par le Rwanda de systèmes de missiles sol-air, de mortiers guidés par GPS et de missiles antichars.
Ce rapport a révélé également la coopération « systématique » entre l’armée congolaise et les FDLR. Préoccupée, l’administration américaine a exhorté vivement les autorités congolaises à veiller à ce que cette coopération cesse immédiatement.