La charte de l’ONU s’applique partout, a assuré lundi l’Union européenne (UE), qui a décidé de suspendre ses consultations sur la défense avec le Rwanda suite à l’offensive de l’armée rwandaise dans l’est de la RDC, où plusieurs crimes de guerre ont été commis par les RDF-M23 en violation du droit international.
Le Conseil des Affaires étrangères de l’UE, réuni lundi 24 février à Bruxelles, a été catégorique : « L’intégrité territoriale n’est pas négociable en RDC, comme en Ukraine ». Puisque le Rwanda a ignoré les appels de la communauté internationale, l’UE a décidé de mettre en œuvre des mesures restrictives en fonction de la situation sur le terrain.
Les 27 ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont également annoncé que le protocole d’accord concernant les matières premières critiques sera réexaminé. Un coup dur pour l’administration Kagame qui comptait sur l’appui européen pour poursuivre son agression.
« Nous avons discuté de la RDC. La situation est très grave et le pays est au bord d’un conflit régional. L’intégrité territoriale n’est pas négociable en RDC, pas plus qu’en Ukraine. La Charte des Nations Unies s’applique partout. Nous soutenons clairement le processus de paix de Luanda-Nairobi, nous voulons obtenir des résultats par la voie diplomatique, mais nous prenons également plusieurs mesures. Tout d’abord, les consultations de l’UE avec le Rwanda sur la défense ont été suspendues. Il existe également une décision politique visant à mettre en œuvre des sanctions en fonction de la situation sur le terrain. Nous avons exhorté le Rwanda à retirer ses troupes et le mémorandum d’accord sur les matières premières essentielles sera réexaminé », a déclaré Kaja Kallas, haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, à l’issue de la session du Conseil des Affaires étrangères.
Des mesures insignifiantes ?
Pour l’eurodéputé Marc Botenga, qui s’est battu bec et ongles au Parlement européen pour l’adoption de la résolution exigeant notamment la suspension de la coopération militaire et de l’accord minier, ces « vagues promesses » de la CAE ne sont « qu’ enfumage » car, a-t-il dénoncé, « l’Union européenne continue en réalité de soutenir les pires violations du droit international et des droits humains ».
« Les ministres européens des Affaires étrangères n’appellent donc ni à suspendre l’accord sur les matières premières avec le Rwanda, ni à arrêter la coopération militaire. Ils ignorent tout simplement les mobilisations populaires et le vote du Parlement européen », a-t-il tonné.
Appelant à poursuivre la mobilisation contre la complicité de l’UE face l’agression rwandaise en RDC, Marc Botenga est catégorique : « Il faut arrêter le partenariat privilégié, militaire et commercial, entre l’UE et le Rwanda ».