Roméo Elvis réfute le terme d’album-thérapie mais son nouveau disque « Tout peut arriver » est pourtant traversé par sa remise en question, après les accusations d’agression sexuelle il y a deux ans.
Rembobinage. Septembre 2020, accusé d’agression sexuelle sur les réseaux sociaux, le rappeur belge avait regretté sur Instagram « d’avoir utilisé (ses) mains de manière inappropriée sur quelqu’un », croyant répondre « à une invitation qui n’en était pas une ».
« Je regrette sincèrement ce geste et surtout, je réitère publiquement les excuses déjà exprimées de nombreuses fois en privé et en personne », poursuivait le frère de la chanteuse Angèle.
« Tout peut arriver » ne tourne pas seulement autour de ce sujet. Mais des éléments biographiques transpirent dans plusieurs chansons.
« Tout le mal que je fais, il faut qu’il m’serve à changer » entend-on ainsi dans « Maquette ».
« Je ne suis pas là pour livrer un journal intime ou un album-thérapie, ma vie est plus complexe que juste une affaire », nuance auprès de l’AFP Roméo Elvis.
« Je reviens sur cette affaire mais aussi sur d’autres choses dans mon album, une remise en question était nécessaire. Je suis au clair avec ça, je me suis excusé personnellement et publiquement. Maintenant, je suis prêt à parler musique », ajoute-t-il.
Les jalons de son introspection percent dans ses textes. La réussite qui donne un sentiment de toute-puissance et d’impunité est ainsi évoquée dans « Bien » (« La vie d’artiste, ça reste (…) le succès du flou/J’crois qu’c’est pour ça qu’j’ai dérapé ») et « L’adresse » (« J’ai trop laissé le diable danser/Trop laissé les gens m’encenser »).
« Tri dans les anciens potes »
Le ménage qui a suivi dans son entourage est décrit sans fard dans « 3 Cafés » (« J’ai fait le tri dans les déchets/J’ai fait le tri dans les anciens potes »). Mais là encore, le rappeur presque trentenaire ne veut pas se focaliser sur ça.
« Ca voudrait dire que je suis content que ce soit arrivé. Non, une remise en question était nécessaire à ce moment-là, c’est un travail complet. On se pose des questions et on en pose aux autres », glisse l’artiste.
Il répond aussi à ceux qui pensaient que sa carrière resterait au point mort dans « Flanchin »: « Oh, tu crois que je vais lâcher l’affaire/Mais j’ai encore plus la dalle ».
Après un passage récent au Printemps de Bourges, le voilà d’ailleurs reparti sur la route des festivals. « Les prix, les récompenses, je peux m’en passer, mais le live, les concerts, je suis trop attaché », confesse-t-il.
Pour le reste, Roméo Elvis présente un album plus homogène que le précédent, « Chocolat », bien servi par les productions, entre autres, de Myd, petit prodige de la nouvelle « French Touch ».
« J’aime son sens de l’humour, son ouverture d’esprit, sa musique, c’est un savant », salue le rappeur belge.
« Rappeur préféré » est un gros clin d’œil à N.E.R.D, un des premiers groupes de Pharrell Williams. Une référence plus surprenante arrive avec « Quand je marche (comme Ben Mazué) ».
« J’aime bien l’idée de Ben Mazué de chercher l’inspiration en courant, j’ai fait la même chose, la boucle est bouclée », confie Roméo Elvis.
« Si je le croise en festival, j’adorerais qu’il vienne se dandiner avec moi sur scène. J’irais à sa rencontre, il a l’air très chouette ».
Afriquactu et AFP