Human Rights Watch (HRW) a, dans son rapport annuel sur les droits humains dans le monde, noté que les libertés d’expression et d’association se sont gravement détériorées dans les deux provinces de l’Est de la RDC placées sous état de siège (Nord-Kivu et Ituri).
Initialement imposé en réponse à l’insécurité dans la région, les autorités militaires ont, selon HRW, utilisé l’état de siège pour réprimer des manifestations pacifiques par la force meurtrière, détenir arbitrairement et poursuivre des activistes, des journalistes et des membres de l’opposition politique en justice.
« En janvier (2022), les forces de sécurité ont tué Mumbere Ushindi, âgé de 22 ans et membre du mouvement citoyen Lucha (Lutte pour le changement), lors d’une manifestation contre l’état de siège à Beni. En août, 13 activistes de la Lucha ont été libérés après neuf mois passés en détention pour s’être opposés à l’état de siège. En avril, la police a recouru à un usage excessif de la force pour disperser un sit-in organisé devant le parlement à Kinshasa par des partisans de l’opposition qui réclamaient un consensus autour de la loi électorale, blessant au moins 20 manifestants. En septembre, les forces de sécurité ont fait un usage excessif de la force pour disperser la manifestation pacifique d’un syndicat médical à Kinshasa, faisant plusieurs blessés », a condamné Human Rights Watch.
C’est depuis le 30 avril 2021 que le président de la République, Félix Tshisekedi a déclaré un état de siège au Nord-Kivu et en Ituri. Cette décision a été prise au regard de la gravité de la situation dans ces deux provinces conformément à l’article 85 de la constitution.
Le Conseil des ministres a adopté vendredi dernier le projet d’Ordonnance-Loi autorisant la prorogation de l’état de siège pour une période de 15 jours. Cette prorogation, soutient le gouvernement, permettra aux Forces de défense et de sécurité de consolider les acquis des opérations antérieures et de poursuivre l’ultime objectif de mettre fin à l’activisme des terroristes M23 soutenus par le Rwanda.
L’opposition et les mouvements citoyens ont jugé largement négatif le résultat produit par l’état de siège. Selon eux, la décision prise par Félix Tshisekedi n’a pas réussi à éradiquer l’insécurité et par conséquent, doit être levée.
Reagan Ndota