Les USA et la Chine se livrent une guerre d’influence en Afrique. Riche en ressources naturelles rares, le continent africain est, selon la représentante permanente des USA à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, « un intérêt fondamental » pour son pays.
Washington veut pousser ses pions, alors que Pékin est déjà très bien implanté dans plusieurs pays.
« L’Afrique est la dernière frontière des possibilités », affirme la diplomate américaine, qui assure que les USA « s’engagent avec l’Afrique ».
Si l’intervention américaine en Afrique se fait plus sentir sur le plan humanitaire et politique, celle de l’Empire du Milieu, par contre, est essentiellement économique. Selon les données de l’administration générale de la douane chinoise, les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont atteint un montant record de 282 milliards $ en 2022, en hausse de 11% par rapport à 2021.
« Nous ne sommes pas en concurrence avec la Chine. Je dirais le contraire : la Chine essaie de nous concurrencer. Ils viennent de l’arrière. Nous avons une forte diaspora africaine ici aux États-Unis. Il n’y a aucun moyen pour la Chine de rivaliser avec ce genre d’engagements que nous avons », a indiqué Linda Thomas-Greenfield lors de l’événement Black Trailblazers in Foreign Policy organisé par l’Atlantic Council.
Cependant, elle précise que son pays « ne demande pas aux pays africains de choisir entre les États-Unis et la Chine. Nous offrons à nos partenaires en Afrique une alternative. Nous leur offrons un système fondé sur des valeurs axées sur les personnes, axées sur l’aide humanitaire, mais aussi axées sur les droits de la personne ».
Consciente que sous l’administration Trump, les USA avaient ignoré le continent africain, ce qui a joué en faveur de la Chine, l’ambassadrice Linda se réjouit de constater, par ailleurs, qu’avec l’administration Biden-Harris, l’Afrique est placée au cœur de la politique étrangère des USA, avec plusieurs initiatives menées à travers l’USAID et la MCC.
« …Nous devons continuer à le faire pour nous assurer que nous n’ignorons pas ce continent – 54 pays, plus d’un milliard de personnes, l’âge médian de 19 ans, donc c’est une population jeune, et il a d’énormes ressources. Alors oui, c’est pourquoi la Chine essaie d’entrer sur ce marché. Le leur est très transactionnel; la nôtre est plus liée à nos valeurs », a-t-elle souligné.
Devancé par Pékin depuis quelques temps, Washington estime qu’il a réussi à récupérer sa place de leader en Afrique et à l’ONU.
« Je pense que ce que nous avons vu se produire sur le continent africain mais aussi aux Nations Unies, comme partout où vous laissez un espace ouvert, les Chinois remplissent cet espace. Ils ont en fait amélioré leur jeu sur le continent africain et ils ont amélioré leur jeu aux Nations Unies. Donc, pour le moment, nous essayons de revenir, et je pense que nous avons réussi, à notre place de leader dans les deux endroits », a conclu Linda Thomas-Greenfield.
Lors du sommet USA-Afrique, l’administration américaine avait annoncé qu’il va consacrer 55 milliards de dollars aux pays du continent africain au cours de trois années à venir. Un représentant spécial, le diplomate Johnnie Carson, a été désigné pour veiller au suivi des annonces. Joe Biden a aussi évoqué la mise en œuvre de l’accord sur la zone de libre-échange continentale africaine, conclu en 2018, qui devrait concerner 1,3 milliard de personnes dans huit ans.
Reagan Ndota