L’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en République démocratique du Congo (RDC), Jean-Marc Châtaigner, appelle à un retrait effectif des rebelles du M23 des localités qu’ils occupent dans la partie orientale du territoire congolais. Il exhorte également le Rwanda à cesser tout soutien à ce mouvement sanctionné par l’ONU.
Dans son discours prononcé mardi 9 mai à l’occasion de la fête de l’Europe, Châtaigner, arrivé fin mission à Kinshasa, a affirmé que le M23 doit impérativement laisser le territoire être temporairement sécurisé par les forces est-africaines, ne pas entraver le retour pacifique des autorités locales et des populations déplacées et ne pas contribuer à l’armement des populations civiles sous son contrôle.
Plusieurs sources confirment la présence des éléments du M23 au Nord-Kivu, violant ainsi le calendrier de retrait établi dans le cadre du processus de Luanda. En visite d’Etat au Botswana, le président congolais a révélé, avec déception, que dans certaines localités, les rebelles cohabitent avec la Force régionale de l’EAC.
Pour Jean-Marc Châtaigner, « le retrait du M23 des positions qu’il occupe doit, quant à lui, être effectif et ne pas se résumer à une manœuvre tactique et dilatoire ».
Aussi, dit-il, les actes pris durant l’administration de facto des zones occupés par le M23 devront être revus car « ils ne sauraient, de notre point de vue, engager d’une quelconque manière l’Etat congolais ».
Par ailleurs, le diplomate européen estime que rétablir la confiance exigera que les FARDC soient, sur le terrain, une armée pleinement républicaine, au service de l’État congolais, « ce qui exclut toute collusion avec des groupes armés séditieux, insurrectionnels, rebelles ou étrangers, comme les FDLR ».
Drame humanitaire
Les attaques des groupes armés ont entraîné une grave crise humanitaire dans l’Est de la RDC, particulièrement au Nord-Kivu.
A l’occasion de sa visite dansplusieurs camps de déplacés (Kanyaruchinya, Rusayo, Bulengo…), Jean-Marc Châtaigner dit avoir vu : la pauvreté, le dénuement de populations ayant perdu tous leurs biens et l’accès à leurs terres et ressources agricoles, les problèmes de malnutrition chronique et aigue des plus jeunes enfants, la précarité des campements…
« Tout ceci m’a touché au plus profond du cœur. Personne ne peut rester indifférent face à ce drame, et je dois vous dire ma fierté, en tant que citoyen européen, et en dépit de certaines critiques bien mal placées, à ce que nous ayons pu apporter un peu d’assistance à toutes ces personnes dans la détresse. Grace à l’augmentation, cette année, de l’enveloppe humanitaire de l’Union européenne pour la RDC, et avec le concours de nos partenaires, dont beaucoup sont ici ce soir et que je salue, nous devrions pouvoir atteindre des zones comme le Rutshuru et le Masisi, où les populations déplacées se trouvent encore dépourvues de tout soutien », a-t-il dit.
Dans plusieurs autres coins du pays (Ituri, Sud-Kivu, Mai-Ndombe…), la situation humanitaire est également préoccupante.
Face à cette situation, le diplomate européen a suggéré de relancer les mécanismes de dialogue et réconciliation intercommunautaires, de favoriser l’inclusion sociale et le développement économique, de déployer sur le terrain des services de l’Etat.