Allié traditionnel du Rwanda, le Royaume-Uni est d’avis que le dialogue est la seule issue à la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC. Sans citer Kigali accusé, avec des preuves, par le rapport de l’ONU de mener des opérations militaires au Nord-Kivu et de soutenir les rebelles du M23, Londres se limite à condamner « le soutien extérieur apporté aux groupes armés », s’abstenant d’exiger le retrait des troupes rwandaises.
Depuis le début de l’agression rwandaise, le Royaume-Uni n’a pas condamné directement le pays de Paul Kagame. Kigali a signé un accord de plusieurs millions de dollars avec Londres pour accueillir sur son sol des migrants et demandeurs d’asile de diverses nationalités acheminés du Royaume-Uni. C’est ce qui, selon plusieurs observateurs, ne permet pas au gouvernement britannique d’incriminer le Rwanda.
Dans sa déclaration à la suite de la publication du rapport du Groupe d’experts de l’ONU sur la RDC, l’envoyée spéciale du Royaume-Uni pour les Grands Lacs africains, Alison Thorpe, n’a nullement fait allusion au Rwanda alors que les experts onusiens ont confirmé des opérations de l’armée rwandaise au Nord-Kivu.
Selon l’ONU, les troupes de la RDF déployées comprenaient des membres des 201e et 301e brigades, ainsi que des membres des forces spéciales de la RDF, commandées par le capitaine Niragire Jean Pierre (alias Gasasira), chargées de certaines opérations à partir de mai 2022. « Gasasira, à son tour, a reçu des instructions du général de division Ruki Karusisi, commandant général des forces spéciales de la RDF. Le général de division Alexis Kagame, qui a commandé plusieurs opérations de la RDF en République démocratique du Congo en 2022 a été rappelé à Kigali et remplacé par le général de division Emmy Ruvusha », révèle le rapport.
Le Royaume-Uni a, quant à lui, choisi d’éluder ces éléments, se contentant de désapprouver les actes des groupes armés.
« Nous sommes préoccupés par les atteintes aux droits humains et les violations du droit international humanitaire documentées dans le rapport par des groupes armés, notamment le M23, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), les Forces alliées de défense (ADF) et la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO ) », a déclaré Alison Thorpe.
Alors que Kinshasa attend des sanctions contre Kigali, Londres, dans son équilibrisme, appelle toutes les parties au conflit à tenir leurs engagements, convenus dans le cadre des processus de paix diplomatiques régionaux de Nairobi et de Luanda.
« Nous pensons que ces processus offrent le meilleur moyen de parvenir à une paix durable. Nous appelons à une désescalade immédiate de toutes les parties et au respect de la souveraineté », a ajouté Thorpe.
Pour le Royaume-Uni, il n’y a qu’une seule issue à ce conflit : « la violence doit cesser pour donner au dialogue et à la paix une chance de réussir et pour que ceux qui ont enduré d’importantes souffrances aient une chance de reconstruire leur vie ».
Les droits de l’homme de tous les Congolais doivent être respectés et tous ceux qui ont commis des violations des droits de l’homme et des abus doivent être tenus pour responsables, a souligné l’envoyée spéciale du Royaume-Uni pour les Grands Lacs.