La solution à la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC, notamment la problématique des Forces démocratiques alliées (ADF), ne passe pas par la construction d’un mur de séparation entre la RDC et l’Ouganda, estime Yoweri Museveni, président Museveni, appelant plutôt à s’attaquer aux causes profondes de cette crise.
Selon Yoweri Museveni, la construction d’un mur de séparation va préjudicier les populations de deux pays qui vivent des échanges à la frontière et donnera un coup dur à l’économie ougandaise, qui gagne plus de 600 millions $ par an en exportant vers la RDC.
« Doit-on et peut-on fermer la frontière avec le Congo comme les Israéliens ont construit un mur entre Israël et la Palestine ? Qui y perdrait le plus, mis à part la question du coût du mur ? L’Ouganda gagne 606,32 millions $ par an en exportant vers le Congo. Tout cela serait perdu. De plus, nous voudrions nuire et agacer notre peuple et le peuple congolais qui vit aux frontières », a-t-il indiqué jeudi dans son adresse à la nation.
En essayant de sceller physiquement la frontière, fait-il remarquer, ce sont des personnes qu’on fermera. « Coupez l’orteil car, il a été envahi par Jigga, Non ! le NRM enlève patiemment le jigga et préserve l’orteil…Les seuls moyens sont : écraser l’ADF (kuhuura comme on bat le millet), kutokoora (comme on enlève quelque chose qui est tombé dans son thé), kuraaza (pour savoir où se trouve l’animal que l’on chasse) et kutooza (pour suivre la piste d’un animal) », a-t-il proposé.
Heureusement, dit Museveni, l’arrivée au pouvoir en RDC de Félix Tshisekedi, qui s’est montré plus coopératif, a permis, depuis le 31 novembre 2021, de battre les ADF. « Cela a eu de bons résultats car, les ADF s’étaient bêtement regroupées dans de grands camps, persuadés qu’ils étaient invulnérables et qu’aucune force ne pouvait les atteindre », a-t-il indiqué.
Le président ougandais a laissé entendre que la situation était difficile à l’époque où le gouvernement congolais de Kabila, soutenu par certains acteurs régionaux et internationaux, avait donné aux ADF une location gratuite au Nord-Kivu et en Ituri, où ils extrayaient de l’or, vendaient du bois, récoltaient le cacao des gens, collectaient des impôts, extorquaient de l’argent aux gens, etc. « Ils grandissaient modestement et avec de l’argent. Ils ont également développé des liens avec d’autres terroristes comme Al-Qaïda », a-t-il dit.
« Au moment où « l’opération Shujaa » (menée conjointement par les FARDC et les UPDF), a commencé, l’ADF comptait environ 2 000 combattants. C’était le 30 novembre 2021. Ils avaient recommencé à poser un problème militaire à l’armée congolaise en attaquant certains détachements et même en attaquant les détachements de l’ONU, comme lorsqu’ils ont attaqué un détachement tanzanien le 7 décembre 2017″, a-t-il expliqué.
Pour Museveni, cette situation a été favorisée par le problème diplomatique du gouvernement congolais qui « ne nous permettait pas de les assister avec les ADF, alors que ni eux ni l’ONU n’en ont la capacité ». Mais, souligne-t-il, « C’est ce qu’a fait S.E. Tshisekedi en 2021, qui nous a permis d’attaquer les ADF ».
« Puisqu’ils avaient commis l’erreur d’établir de grands camps, nous avons rapidement dégradé leur force et ils ont maintenant soit fui au-delà de notre limite de ligne d’exploitation (où nous sommes autorisés à opérer par le gouvernement congolais) – c’est-à-dire Beni – Eringeti -Komanda- Bunia, ou ils se sont éclatés en petits groupes comme celui de la vallée de Mwalika au Sud de la route Mpondwe – Kasiindi – Beni – d’où est issu un petit groupe qui a tué nos petits-enfants à l’école secondaire de Nyabugaando. En d’autres termes, à l’intérieur de l’Ouganda et dans la zone à l’Ouest du mont Rwenzori sur une distance d’environ 70 kilomètres à l’ouest, ainsi que dans le parc national de Biruunga, l’ADF n’est plus et ne peut plus être un problème militaire », a-t-il déclaré.
Yoweri Museveni estime que le problème résiduel de l’ADF est un problème de renseignement pour localiser où se trouvent les restes et ce qu’ils prévoient.