L’état de siège décrété depuis mai 2021 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’ituri par le président Félix Tshisekedi est « un échec total », notent les jeunes ressortissants de l’Est du pays qui, par conséquent, exigent la levée de cette mesure sécuritaire considérée par plusieurs analystes comme une « erreur stratégique mise ne place dans la méconnaissance totale des réalités de la crise sécuritaire dans cette partie de la RDC ».
Dans une déclaration faite mercredi 16 août 2023, alors que se clôturait au Palais du peuple à Kinshasa, la table ronde sur l’évaluation de l’état de siège, le coordonnateur de l’organisation regroupant les jeunes ressortissants de l’Est, Alain Shukuru, a appelé l’administration Tshisekedi à mettre fin à cette mesure improductive et à rétablir les autorités civiles dans leurs fonctions.
« En effet, selon les Nations unies, depuis juin 2020 à mars 2022, les deux provinces ont vu le nombre des victimes plus que doublé, passant de 559 à 1261 et deux territoires sous contrôle de M-23 à savoir Masisi et Rutshuru. Alors que l’objectif de cette mesure était de restaurer la paix et d’éradiquer les groupes armés qui ont atteint environ le nombre de 266, selon le rapport du « P-DDRCS (programme National de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion) et Starec (stabilisation et reconstruction des zones sortant des conflits armés). Les jeunes ressortissants de l’Est invitent une fois de plus, le pouvoir en place de lever cet état de siège et de restaurer le pouvoir civil, car la décision d’état de siège est un échec total », a déclaré Alain Shukuru.
Par ailleurs, les jeunes ressortissants de l’Est ont demandé aux FARDC, à la police nationale et aux leaders politiques de toute tendance confondue ainsi qu’aux populations des provinces concernées de demeurer vigilants car, alertent-ils, « les groupes armés instrumentalisés par les armées rwandaise et ougandaise continueront à commettre des crimes ».
Appel à l’unité pour instaurer une paix durable
Alors que les agresseurs multiplient des stratégies pour maintenir l’Est de la RDC dans l’instabilité, Alain Shukuru, prenant le taureau par les cornes, a précisé que « c’est dans la collaboration et en travaillant ensemble que nous arriverons à mettre hors d’état de nuire nos ennemis internes et externes ».
Cependant, les jeunes ressortissants de l’Est regrettent que l’administration Tshisekedi consulte « malheureusement » les populations meurtries après les désastres occasionnés par cette mesure, « alors qu’il l’aurait mieux fait de les consulter avant de prendre unilatéralement cette décision ».
« Par conséquent, les jeunes ressortissants de l’Est réitèrent sa proposition d’un forum national entre les leaders politiques de tout bord et de la société civile pour concilier les vues et d’élaboration des stratégies communes pour la paix dans l’Est du pays », a ajouté Shukuru.
Par la même occasion, cette structure rappelle aux députés et sénateurs du régime qu’ils ont « failli à leurs devoirs et obligations citoyennes en prorogeant continuellement l’état de siège malgré son échec et contre la volonté du peuple ». Toutefois, précisent les jeunes ressortissants de l’Est, « il n’est pas tard pour mieux faire ».
Les travaux de la table ronde sur l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri ont touché à la fin ce mercredi 16 août 2023, au Palais du peuple. C’est le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, qui a procédé à la clôture officielle de ces assises, au nom du président de la République, Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Durant trois jours, soit du 14 au 16 août 2023, les participants venus de différentes institutions, des provinces du pays, les gouverneurs militaires de deux provinces sous état de siège, les députés provinciaux et les forces vives de la République, ont analysé, à travers trois Commissions, les options relatives à la levée, à la requalification ou au maintien de l’état de siège.
Dans chacune de ces Commissions, plusieurs recommandations ont été formulées et coulées sous forme d’un rapport destiné au président Tshisekedi.