Le chef de la diplomatie congolaise a participé jeudi au briefing du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation dans son pays. Christophe Lutundula a accusé tant le Rwanda que le M23 d’avoir transformé le Nord-Kivu en une poudrière qui n’attend qu’une étincelle pour embraser de nouveau cette province martyr, et appelé le Conseil de sécurité à « sortir de sa torpeur » pour assumer ses responsabilités.
Pour le ministre des Affaires étrangères de la RDC, il est inadmissible et injuste que plusieurs rapports des groupes d’experts mandatés par l’ONU pour enquêter sur la situation sécuritaire en RDC, dûment déposés au Conseil, « moisissent dans ses tiroirs depuis plusieurs années » sans être examinés.
C’est pourquoi, a-t-il expliqué, la RDC a déposé, le 19 septembre, auprès du Comité des sanctions, les noms des personnes et entités citées dans les rapports en vue de les faire inscrire sur la liste des sanctions. Il a souhaité que le Conseil de sécurité « daigne s’y pencher » et suive les « bons exemples » des États-Unis, qui ont sanctionné le Rwanda pour son soutien aux terroristes du M23, et de la France, qui vient également de sanctionner deux dirigeants du même groupe et des criminels des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
« Agissez , agissez avant qu’il ne soit trop tard », a lancé Christophe Lutundula, qui a appelé le Conseil de sécurité à hausser le ton en sommant sans équivoque aussi bien le M23 de déposer les armes et de se rendre dans les cantonnements prévus, et le Rwanda de retirer sans condition ses troupes du pays et cesser son soutien au M23.
Retrait de la Monusco
Christophe Lutundula a rappelé qu’il avait également alerté sur les vives tensions qui envenimaient les relations entre la Monusco et les populations congolaises, en particulier celles des territoires ravagés par ces groupes armés, qui ne cessent jusqu’à ce jour de reprocher à la Mission « sa passivité et son incapacité avérées » à les protéger et à aider à mettre fin à l’insécurité quasi permanente dont elles sont victimes.
Il est temps que l’ONU « tire les leçons de ses interventions en Afrique et change de paradigme quant à ses missions de paix dans notre continent », a-t-il dit, en demandant « avec insistance » au Conseil de s’inscrire dans la logique de l’accélération, et non de la précipitation, du retrait de la Monusco, qu’il a suggéré de démarrer « au plus tard à la fin de 2023 ». Il a noté que cette accélération a été préconisée par le secrétaire général de l’ONU dans son dernier rapport, avant de souhaiter que le secrétariat engage en urgence des discussions avec le gouvernement de la RDC dans le cadre du Comité conjoint institué par la résolution 2409 (2018).
Le rapport dudit comité devrait être déposé à la fin du mois d’octobre au plus tard, a averti le chef de la diplomatie congolaise , qui a dit attendre du Conseil de sécurité qu’il tire toutes les conséquences de la nouvelle approche du retrait de la MONUSCO dans la résolution qu’il adoptera en décembre.
Estimant qu’un consensus se dégage quant au fond sur le retrait accéléré et échelonné de la Monusco, Christophe Lutundula a affirmé que le retrait de la Mission n’est ni une fin en soi ni une panacée à l’insécurité et aux violences récurrentes dans l’Est de la RDC et dans la région des Grands Lacs. Pour lui, ce retrait participe plutôt « à la facilitation et aux efforts de déblocage d’un processus de paix très laborieux et fort complexe délibérément bloqué par le Rwanda » et ses supplétifs du M23.