L’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la région des Grands Lacs, Huang Xia, a fait un exposé aux membres du Conseil de sécurité, ce mardi 17 octobre. Il a déclaré que depuis son dernier exposé, il y a environ six mois, la situation humanitaire et sécuritaire dans la région ne s’est pas améliorée. Au contraire, les hostilités ont repris au Nord-Kivu, et le risque d’un affrontement direct entre la République démocratique du Congo et le Rwanda reste bien réel.
« Six mois après, hélas, la situation, tant sur le plan sécuritaire qu’humanitaire, ne s’est pas améliorée. Au contraire : dans l’Est de la RDC, nous sommes témoins d’une reprise des hostilités à grande échelle dans le Masisi et le Rutshuru, au Nord Kivu. Le risque d’une confrontation directe entre la RDC et le Rwanda qui continuent de s’accuser mutuellement de soutenir des groupes armés ennemis – le M23 d’un côté, les Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), de l’autre – demeure lui bien réel. Le renforcement militaire des deux pays, l’absence d’un dialogue direct de haut niveau et la persistance des discours de haine, sont autant de signaux inquiétants que nous ne pouvons ignorer. En outre, l’expansion inquiétante des Forces démocratiques Alliées (ADF) menace l’intégrité régionale avec ses ramifications terroristes », a-t-il déclaré.
Dans ce contexte, Huang Xia a réaffirmé l’importance de privilégier la diplomatie et de poursuivre le dialogue pour une solution idoine aux défis du moment, pour la paix, la stabilité et la prospérité dans la région des Grands Lacs.
« Nous avons besoin, plus que jamais, d’une solution politique. Nous avons besoin du dialogue et de l’intensification des efforts auprès des parties prenantes afin qu’elles puissent faire preuve de retenue, qu’elles maintiennent des canaux de communication ouverts, et qu’elles mettent en œuvre les décisions prises dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi », a-t-il suggéré.
Selon le diplomate onusien, les solutions militaires à elles seules ne suffiront pas à construire une paix forte et durable.
Huang Xia est par ailleurs convaincu que la volonté politique, la bonne foi et un véritable désir de mettre fin aux souffrances des populations sont les facteurs qui, en fin de compte, feront la différence, conformément à l’esprit et à la lettre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.
Le Chinois a souligné que, depuis plusieurs mois maintenant, dans le cadre de l’exercice des bons offices du secrétaire général de l’ONU et de son mandat, il s’est rendu dans plusieurs pays de la région, en particulier en Angola, au Burundi, en RDC, au Rwanda, et en Ouganda, pour plaider en faveur de la paix, tenter de renforcer davantage la confiance et mobiliser tous les partenaires afin de trouver une solution pacifique aux défis de la région.
« Dans cette optique, les efforts pour la revitalisation de l’Accord-cadre d’Addis Abeba offrent une opportunité pour mobiliser l’ensemble des parties prenantes, et œuvrer davantage à la réalisation des objectifs de cet Accord. A cet égard, mon Bureau organisera une retraite du 31 octobre au 1er novembre à Durban, en Afrique du Sud, en collaboration avec l’Union africaine, conformément à la décision de la 11ème réunion de haut niveau du Mécanisme régional de suivi pour faire l’évaluation de cet Accord, dix ans après son adoption par les pays signataires », a-t-il dit, précisant que cet accord-cadre reste central pour la paix et la sécurité de la région des Grands Lacs.
Huang Xia a également salué l’engagement continue des acteurs de la région et de la communauté internationale pour leurs efforts inlassables en faveur de la paix et de la sécurité dans cette région. Il a cité, en l’occurrence, le président Evariste Ndayishimiye du Burundi, le président João Lourenço de l’Angola et le facilitateur de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), l’ancien président du Kenya Uhuru Kenyatta.