La représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU en RDC, Bintou Keita, a déclaré mardi devant le Conseil de sécurité que le redéploiement des FARDC à Sake pour combattre la coalition M23-RDF, a exacerbé le vide sécuritaire dans d’autres territoires du Nord-Kivu, notamment à Beni, Lubero et Walikale, attirant de nouveaux combattants, notamment du Sud-Kivu.
Selon la cheffe de la Monusco, les groupes armés tels que les Forces démocratiques alliées (ADF), les groupes maï-maï et les factions Nyatura, ainsi que les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont les bénéficiaires directs de cette reconcentration des forces.
Dans son exposé, elle a rapporté « des exécutions sommaires, des blessures, des enlèvements, des appropriations et destructions de biens, des déplacements forcés » ainsi que les violences sexuelles liées aux conflits, entre autres.
Les membres des FDLR, a-t-elle observé, demeurent parmi les principaux auteurs de violences sexuelles liées aux conflits, a-t-elle ajouté.
Dans les zones qu’ils contrôlent, les rebelles du M23 ciblent les acteurs de la société civile, en particulier les défenseurs des droits humains et les journalistes. Le nombre d’atteintes aux droits humains commises par le M23 continue d’augmenter, avec au moins 150 civils tués depuis la reprise des hostilités en novembre 2023, dont 77 en janvier 2024.
Par ailleurs, le M23 continue de contraindre les déplacés à retourner dans les villages des zones sous son contrôle. Bintou Keita a rapporté aussi des cas de recrutement et l’utilisation d’enfants comme soldats dans les territoires de Masisi et de Rutshuru.
Plus de 400 000 personnes ont désormais trouvé refuge dans la ville de Goma, dont 65 000 au cours des deux dernières semaines, provoquant une augmentation spectaculaire des cas de choléra, en raison du manque d’eau potable, d’hygiène et d’assainissement adéquat. L’accès restreint aux territoires contrôlés par le M23 isole Goma des territoires intérieurs et perturbe les chaînes d’approvisionnement, augmentant le risque de troubles.
Dans ce contexte difficile, les incidents violents visant les acteurs humanitaires se sont multipliés au cours du dernier trimestre 2023. Malgré ces défis, Bintou Keita a assuré que les partenaires humanitaires restaient déterminés à rester et à agir.