Alors que les initiatives diplomatiques s’accélèrent pour résoudre pacifiquement la crise rwando-congolaise, le président Félix Tshisekedi a défini jeudi le cadre dans lequel les discussions « en face à face » avec son homologue Paul Kagame devraient se tenir.
Ouvert au dialogue avec « l’agresseur » de son pays, Félix Tshisekedi qui est attendu la semaine prochaine en Angola chez le médiateur João Lourenço, a laissé entendre qu’à l’occasion de ces possibles discussions, il ne s’agira que pour Paul Kagame de lui expliquer « simplement » pour s’acharne-t-il à massacrer les Congolais et à piller les ressources naturelles de la RDC.
« Par rapport à la négociation, même en situation de conflit extrême, les contacts demeurent toujours. J’en ai pour preuve l’Ukraine et la Russie. Même si ce n’est pas direct c’est par des forces interposées que cela passe. Ce n’est pas du tout inhérent à la seule crise congolaise dans l’Est(…) La RDC rejette ces négociations. C’est que le Rwanda s’est caché derrière le M23. Je ne discute pas avec le M23. Les discussions, je les veux avec le Rwanda parce que c’est lui mon agresseur… Paul Kagame doit m’expliquer pourquoi ils s’acharnent à massacrer mes compatriotes et à piller nos ressources naturelles. Je ne veux pas négocier avec cette coquille vide qu’est le M23 », a-t-il déclaré jeudi lors d’un briefing spécial organisé par le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.
Avec le soutien des USA, le président angolais João Lourenço s’active pour une solution négociée. Mais Félix Tshisekedi reconnait que les discussions d’Addis-Abeba en marge du sommet de l’UA n’ont pas donné de résultats.
« La réunion convoquée par le président João Lourenço nous mettait aux prises avec nos adversaires, celle-là n’a pas donné de résultats. Je redis avec force la position qui était celle de la RDC, notre agresseur est toujours parti dans ses manipulations et mensonges habituels. Qu’à cela ne tienne, un autre rendez-vous a été propose par le président João Lourenço, celui de nous rencontrer séparément. Si tout va bien, le mardi 27 février prochain, je serai reçu à Luanda par le président angolais,médiateur désigné par l’UA dans cette crise injuste nous imposée par notre voisin », a-t-il expliqué.
Pendant ce temps, les combats se poursuivent au Nord-Kivu entre l’armée congolaise et la coalition M23-RDF. La situation semble tout particulièrement inquiétante autour de Sake et Goma, où les combats se sont intensifiés depuis l’expiration du cessez-le-feu le 28 décembre dernier.
Mardi devant le Conseil de sécurité de l’ONU, Bintou Keita, cheffe de la Monusco, a exprimé ses craintes sur une régionalisation du conflit si les efforts diplomatiques en cours visant à apaiser les tensions et à trouver des solutions politiques durables au conflit actuel échouent.