Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné a estimé vendredi qu’il était « urgent » mettre fin à l’offensive du M23, une milice opérant avec le soutien de l’armée rwandaise dans l’Est de la RDC. Depuis la reprise des combats autour de la ville de Sake, au Nord-Kivu, au début du mois, 144 000 personnes ont été contraintes de fuir la périphérie de Goma.
Le chef de la diplomatie française, qui s’est entretenu par téléphone avec ses homologues de la RDC, Christophe Lutundula et du Rwanda, Vincent Biruta, a réaffirmé l’engagement de la France à œuvrer en faveur de la paix dans la région des Grands Lacs.
« Face à la crise dramatique dans l’Est de la RDC, j’ai appelé mes homologues de la RDC et du Rwanda : il est urgent d’œuvrer à la désescalade et de mettre fin à l’offensive du M23. La France reste mobilisée pour la paix dans les Grands Lacs », a déclaré Stéphane Séjourné.
Avec l’appui de l’armée rwandaise, les rebelles du M23 poursuivent leur campagne de conquête des territoires au Nord-Kivu. Mardi dernier, le gouvernement français a rappelé que les atteintes à l’intégrité territoriale de la RDC est « inadmissible » et, dans la foulée, a condamné la poursuite des offensives du M23 avec le soutien du Rwanda, et la présence des forces rwandaises sur le territoire congolais.
« Le M23 doit cesser le combat immédiatement, et se retirer de toutes les zones qu’il occupe, conformément aux décisions prises dans le cadre du processus de Luanda. Nous appelons le Rwanda à cesser tout soutien au M23 et à se retirer du territoire congolais. La France appelle l’ensemble des groupes armés à mettre un terme aux violences », a souligné la France, réitérant son plein soutien aux processus régionaux de médiation pour trouver une solution négociée au conflit.
Lors de son échange avec la presse jeudi à Kinshasa, le président congolais Félix Tshisekedi a réaffirmé la ferme décision de son gouvernement de ne pas dialoguer avec le M23, derrière qui se cache le Rwanda. Cependant, a-t-il précisé, le RDC est ouvert au dialogue avec le Rwanda, le vrai agresseur.
« Les discussions, je les veux qu’avec le Rwanda parce que c’est lui mon agresseur. Je l’ai dit à Paul Kagame lui-même à Addis-Abeba, en disant c’est vous que je veux avoir face à moi dans une discussion, pour savoir qu’est-ce que vous voulez à mon pays et à mon peuple, pourquoi vous continuez indéfiniment de tuer mes compatriotes et de piller les ressources de mon pays. C’est tout ce que je veux comme thème du dialogue. Rien d’autre. Je ne lui dois rien, il ne me doit rien. C’est ça qui justifie le fait que je ne veux pas des négociations avec cette coquille vide qu’on appelle M23 », a-t-il dit.
Les initiatives diplomatiques pour résoudre cette crise s’accélèrent. Le président de l’EAC, Salva Kiir était jeudi et vendredi à Kigali et à Bujumbura. Il est attendu ce samedi à Kinshasa. Et dans le cadre du processus de Luanda, Félix Tshisekedi et Paul Kagame seront reçus la semaine prochaine par João Lourenço en Angola.