Beaucoup de jeunes dans l’Est de la RDC, qui n’ont connu que la guerre, sont exposés à tous les abus dans des camps de réfugiés ou de déplacés, a dénoncé l’activiste Jacquie Kitoga, accusant l’armée rwandaise opérant au Nord-Kivu de recourir aux viols et aux violences sexuelles comme « armes de guerre ».
La représentante du secrétariat technique national pour la mise en œuvre de la résolution 2250 de l’ONU, consacrée à l’importance d’associer les jeunes femmes et les jeunes hommes à l’instauration d’une paix durable, a fustigé le fait que les femmes congolaises de l’Est du pays aient perdu leur dignité et que de milliers d’entre elles vivent avec le « dilemme moral de garder un enfant issu d’un viol ou de le tuer ».
« Combien de temps cette situation va-t-elle durer ? Combien de femmes devront être violées devant leurs maris et leurs enfants, combien de jeunes devront se voir voler leur avenir et être enrôlés dans des groupes armés ? La communauté internationale est douée pour les beaux discours et la rhétorique, cependant, est-ce que quelqu’un va se réveiller et dire non ? », a-t-elle demandé.
Depuis deux décennies, l’agression du Rwanda contre la République démocratique du Congo, déguisée en rébellion connue sous les noms de RCD, CNDP ou groupe terroriste M23, « a tout détruit sur son passage ». Il en ressort une précarité généralisée et une perte de repères et d’espoir pour la jeunesse congolaise qui devient un vivier d’enfants soldats et une « proie facile » de l’extrémisme violent, a-t-elle dénoncé mercredi devant le Conseil de sécurité de l’ONU.
Pour Jacquie Kitoga, la jeunesse congolaise ne veut rien d’autre que la paix. La « proportion résiliente » de cette jeunesse veut, elle, se retrouver sur la table des décisions et des négociations pour travailler « main dans la main » avec les autorités et agir dans les cinq axes de la résolution 2250 (2015), mais aussi dans la prise en compte de la participation des femmes sans discrimination, a-t-elle souligné, invitant les bailleurs de fonds à investir dans la jeunesse congolaise pour accompagner le STN2250.
STN2250
L’activiste des droits des femmes a indiqué que la République démocratique du Congo est le troisième pays au monde après la Finlande et le Nigeria à disposer d’un plan d’action national pour mettre en œuvre la résolution 2250.
Créé en 2020, le STN2250 a œuvré à l’élaboration d’un plan d’action national sur la participation des jeunes aux processus de décision, qui a été lancé officiellement en août 2022. Jacquie Kitoga a cependant précisé que ce dispositif doit encore être approuvé par le Parlement congolais pour entrer dans l’arsenal juridique du pays.
Rappelant qu’en RDC, les jeunes sont le groupe de population le plus vulnérable aux conséquences des conflits armés « en tant que victimes de choix », elle a expliqué que le secrétariat technique national a pour mission de renforcer et valoriser la participation de la jeunesse aux décisions et aux négociations, tout en faisant rapport de ses activités en lien avec le programme sur les jeunes et la paix et la sécurité.