A deux jours du début des activités commémoratives du 30e anniversaire du génocide rwandais, le haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a exhorté, vendredi 5 avril, les Etats du monde entier à redoubler d’efforts pour traduire en justice tous les auteurs présumés survivants, y compris par le biais de la compétence universelle, et à lutter contre les discours de haine et l’incitation à commettre le génocide.
Les événements tragiques de 1994 au Rwanda devraient, a-t-il dit, choquer à jamais la conscience de l’humanité et rappeler constamment aux États la nécessité de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour prévenir le crime de génocide dans le monde.
« A l’approche du 30e anniversaire du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994, je pleure le million d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont été tués de sang-froid en à peine 100 jours – pour la grande majorité d’entre eux des Tutsis, et certains Hutu, Twa et d’autres qui se sont courageusement opposés au génocide. Les victimes ne doivent jamais être oubliées », a déclaré Volker Türk.
Dans son message, le chef des droits de l’homme de l’ONU a salué également les centaines de milliers de survivants pour leur courage.
« Leur quête résiliente de justice, d’unité et de réconciliation au fil des décennies devrait nous inspirer tous », a-t-il souligné, rappelant que ce génocide s’enracine dans des années de haine déshumanisante, d’incitation et de discrimination.
La mort des présidents du Burundi et du Rwanda, le 6 avril 1994, dans un accident d’avion provoqué par un tir de roquette, déclencha plusieurs semaines de massacres systématiques et à grande échelle.
Les discours de haine avait attisé les violences. La Radio Télévision Libre des Mille Collines (RTLM) diffusa, le 7 avril, une émission attribuant la responsabilité de l’accident d’avion au FPR de Paul Kagame et à un contingent de soldats de l’ONU, et commença à inciter les Hutus à éliminer les « cafards tutsis ». Plus tard au cours de cette même journée, le Premier ministre, Mme Agathe Uwilingiyimana et 10 Casques bleus belges chargés de la protéger furent brutalement assassinés par des soldats du gouvernement rwandais qui avaient attaqué sa résidence. D’autres dirigeants hutus modérés furent assassinés de la même manière. Après le massacre de ses soldats, la Belgique retira le reste de ses forces.
Le Conseil de sécurité de l’ONU autorisa, le 22 juin, des forces françaises à mener une opération humanitaire. Cette mission, appelée Opération Turquoise, permit de sauver des centaines de civils dans le sud-ouest du Rwanda, mais elle aurait également permis à des soldats, des responsables et des miliciens impliqués dans le génocide de fuir le Rwanda en passant par des zones contrôlées par ces forces. Dans d’autres régions, les tueries se poursuivirent jusqu’au 4 juillet 1994, date à laquelle le FPR prit le contrôle militaire de tout le territoire rwandais.