Tous les Congolais ont droit à la paix. Sans paix, il n’y aura ni développement ni progrès, a déclaré jeudi à Kinshasa Volker Türk, haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, exigeant ainsi du Rwanda de mettre fin à son soutien au groupe armé M23 qui continue de semer la terreur « en tuant et en enlevant » la population locale au Nord-Kivu.
Clôturant sa visite officielle en RDC, le chef des droits de l’homme de l’ONU a appelé à trouver urgemment une solution durable au conflit armé qui perdure depuis 30 ans dans l’Est du pays, où des enfants sont enrôlés de force dans les rangs du M23, milice soutenue par l’armée rwandaise.
Depuis octobre, a-t-il déploré, 500 000 personnes ont été déplacées des zones contrôlées par le M23, portant le nombre total de personnes déplacées au Nord-Kivu à près de 2,7 millions.
« Les pays qui soutiennent ou exercent une influence sur les groupes armés doivent assumer leur responsabilité et veiller à ce que les combats cessent. Au Nord-Kivu, tout rôle joué par le Rwanda dans son soutien au M23 doit cesser et une solution doit être trouvée de toute urgence. Il en va de même pour tout pays qui soutient des groupes armés actifs en RDC », a déclaré Volker Türk.
Dans la foulée, il a fait remarquer que l’une des causes profondes de bon nombre de ces conflits est l’exploitation des ressources naturelles de la RDC, qui appauvrit la population locale au lieu de la profiter.
« Le gouvernement, ainsi que les puissances régionales et internationales, ont des obligations à cet égard. L’acteur privé a également des responsabilités importantes, notamment celles des entreprises qui extraient des ressources, comme le coltan, si précieuses pour le monde. Nous utilisons tous des téléphones portables, rendus possibles en grande partie grâce aux ressources de la RDC. Le monde ne peut pas continuer à consommer aux dépens du peuple congolais. Chacun doit se demander où est sa responsabilité », a-t-il indiqué.
Notant que la préoccupation immédiate des personnes touchées par un conflit est leur sécurité, Volker Türk a exhorté ainsi les autorités congolaises et la communauté internationale à continuer à travailler en partenariat pour éviter un vide de protection qui mettrait encore davantage les civils en danger.
Durant son séjour, il a visité des camps de personnes déplacées à Bunia, dans la province de l’Ituri, et à Goma, dans la province du Nord-Kivu. Même si les conflits qui ont lieu dans ces deux provinces diffèrent, le résultat est tragiquement similaire, a-t-il souligné, précisant que les habitants des deux sites ont décrit comment ils avaient fui les combats et qu’ils avaient désormais désespérément besoin d’aide et de soutien. A Kinshasa, il a échangé avec les plus hautes autorités du pays, notamment le président Félix Tshisekedi et la Première ministre Judith Suminwa.