Dans son quinzième rapport annuel sur la violence sexuelle liée aux conflits, présenté mardi 23 avril devant le Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exhorté les autorités congolaises à réviser la loi instituant la réserve armée de la défense afin d’exclure les auteurs présumés de violences sexuelles.
Dirigée par le lieutenant-général David Padiri Bulenda, la réserve armée de la défense est constituée des militaires de carrière retraités et des services de sécurité, des démobilisés du service militaire obligatoire ou contractuel et des volontaires civils engagés dans la défense du pays et de son intégrité territoriale.
L’ONU qui, en 2023, a recensé 733 cas, notamment de viols collectifs, d’esclavage sexuel et de mariage forcé, accompagnés de violences physiques extrêmes, touchant 509 femmes, 205 filles, 18 hommes et 1 garçon, a appelé la RDC à ne pas intégrer, dans sa réserve armée, les auteurs présumés de ces violences.
« J’exhorte les autorités à réviser la loi instituant une nouvelle force de réserve pour soutenir les forces armées congolaises, afin que les auteurs présumés de violences sexuelles ne soient pas éligibles. J’appelle en outre les autorités à intensifier immédiatement les mesures de sécurité dans et autour des sites de déplacement afin d’améliorer la protection et l’accès aux services », a écrit António Guterres dans son rapport présenté devant le Conseil de sécurité par sa représentante spéciale sur la violence sexuelle dans les conflits, Pramila Patten.
Par la même occasion, l’ONU a demandé au gouvernement congolais d’accélérer la mise en œuvre de l’addendum au communiqué conjoint sur la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits en faisant progresser les plans d’action respectifs des forces armées et de la police nationales et de garantir un budget dédié au fonds de réparations.
Dans son exposé, Pramila Patten a indiqué qu’en 2023, la situation sécuritaire et humanitaire dans l’Est de la République démocratique du Congo s’est aggravée en raison de l’escalade du conflit armé, des opérations militaires et des violations répétées du cessez-le-feu entre le Mouvement du 23 mars (M23) et les Forces armées de la République démocratique du Congo, exacerbant les risques de violences sexuelles.
Des violences sexuelles ont souvent été perpétrées lors de raids contre des villages en représailles à une collaboration présumée avec des groupes armés rivaux ou les forces de l’État, a-t-elle révélé, souligant que 67 cas étaient attribués à des éléments du M23.