Les conflits qui font rage sur le continent africain, particulièrement dans la région des Grands Lacs, déchirent des vies et des communautés, a déploré vendredi le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, assurant que son organisation était « prête » à mobiliser la communauté internationale pour la restauration d’une paix durable.
L’intensification des combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise au Nord-Kivu a déclenché de nouvelles vagues de déplacements. Selon l’ONU, depuis début mai, plus de 80 000 personnes ont trouvé refuge dans le territoire de Kalehe, dans la province voisine du Sud-Kivu.
S’exprimant devant la presse à Nairobi, en marge de la conférence de la société civile des Nations unies, centrée sur le Sommet du futur prévu en septembre à New York, António Guterres a fait remarquer que lorsqu’on voit les conflits se poursuivre sans relâche, notamment dans les Grands Lacs (entre la RDC et le Rwanda, NDLR), on comprend que quelque chose ne va fondamentalement pas dans l’ordre mondial actuel. Pour lui, c’est comme si la Charte des Nations unies, le droit international, le droit international humanitaire, les droits de l’homme et la décence humaine fondamentale n’a plus d’importance.
Cette déclaration est faite quelques jours après les explosions qui ont coûté la vie à plus de 18 civils et blessé des dizaines de personnes dans les sites de déplacement à Goma, dans l’Est de la RDC.
« L’ONU soutient pleinement le travail de l’Union africaine visant à faire taire les armes. Nous sommes prêts à coopérer et à mobiliser la communauté internationale pour soutenir la paix du Sahel à la Corne de l’Afrique, en passant par les Grands Lacs et au-delà », a-t-il indiqué.
Dans la foulée, António Guterres a rejeté les observations selon lesquelles l’ONU accorde peu d’attention aux conflits africains, par rapport aux autres conflits à travers le monde (Gaza, Russie-Ukraine).
« Nous avons des opérations de maintien de la paix en Afrique. Nous n’avons pratiquement pas d’opérations de maintien de la paix, ou plutôt de très petites opérations de maintien de la paix en dehors de l’Afrique. Et nous avons eu de très nombreux membres de l’ONU parmi ces forces de maintien de la paix qui ont donné leur vie pour la paix en Afrique. Nous avons plusieurs missions politiques en Afrique, nous avons des bureaux régionaux en Afrique qui s’occupent des conflits, et nous mobilisons en permanence, en permanence, la communauté internationale pour pouvoir soutenir les populations victimes de ces conflits, et en même temps faciliter la capacité de ces conflits à leurs fins », a-t-il expliqué.
Toutefois, il a reconnu que de nombreux conflits ne relèvent pas uniquement de la responsabilité des Africains. « De nombreux conflits sont également imputables à ceux qui, extérieurs à l’Afrique, ont une influence négative sur l’évolution des choses. Et si vous regardez plusieurs situations que vous avez évoquées, vous reconnaissez que c’est vrai », a-t-il soutenu.
Dans ce contexte, le chef de l’ONU a appelé les dirigeants politiques et les médias à accorder aux conflits africains d’aujourd’hui le même niveau de priorité que celui accordé aux autres conflits, car, a-t-il souligné, ces conflits représentent le même type de menace pour la paix mondiale et la sécurité, et causent un volume de souffrances sans précédent dans la communauté internationale.