Dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), où les combats se poursuivent entre les FARDC et les RDF-M23, l’ONU estime qu’il sera difficile de faire des progrès sur le plan humanitaire sans « un processus politique plus large ».
C’est en humanitaire frustré de Filippo Grandi s’est présenté jeudi devant le Conseil de sécurité de l’ONU, dénonçant « l’inattention et l’inaction » des Etats membres de cette instance face à l’intensification de la crise sécuritaire et humanitaire, notamment dans la frontière entre la RDC et le Rwanda.
Bille en tête, le haut commissaire de l’ONU pour les réfugiés a reproché à l’organe exécutif de « continuer à présider à une cacophonie de chaos plus large à travers le monde », alors que les civils sont pris en étau par les combats au Nord-Kivu.
Si le Conseil de sécurité brille par l’inaction, les humanitaires, quant à eux, essayent de jouer leur rôle, a-t-il dit, appelant à un processus politique plus large pour une solution durable.
« L’année dernière, le président Tshisekedi a demandé au HCR de revitaliser ses efforts pour trouver des solutions aux situations complexes de déplacements forcés à travers les frontières de la région, et en particulier entre le Rwanda et la République démocratique du Congo. Le gouvernement rwandais a accepté et nous avons repris le dialogue, mais en réalité, sans un processus politique plus large – ou du moins un cadre politique – il sera difficile de faire des progrès sur le plan humanitaire ; et l’aide est de plus en plus difficile à mobiliser pour les victimes de cet état de fait », a déclaré Filippo Grandi.
Selon le chef des réfugiés de l’ONU, en République démocratique du Congo, la violence entre hommes armés est si courante qu’aucun autre endroit au monde n’est aussi dangereux pour les femmes et les enfants que l’Est du pays.
« Et ma réaction n’est pas naïve. J’y ai travaillé », a-t-il assuré, précisant qu’il connait les problèmes ethniques insolubles ; le pillage des ressources par une multiplicité d’acteurs, dont les États ; les ramifications régionales ; le manque de respect constant du caractère civil des sites de déplacés par des hommes armés, mettant en danger à la fois les déplacés et les travailleurs humanitaires.
Mais, s’est interrogé Filippo Grandi, « comment les membres des Nations unies, comment « nous, les peuples », pouvons-nous accorder si peu d’attention et faire preuve d’autant d’inaction dans un endroit où les relations sexuelles avec un enfant peuvent être achetées pour moins cher qu’une boisson fraîche ? »
En depit de ce tableau sombre, il a estimé qu’il n’est pas trop tard pour le Conseil de sécurité de concentrer son attention et son énergie sur les crises et les conflits qui restent non résolus, afin qu’ils ne puissent pas s’envenimer et exploser à nouveau, et pour intensifier l’aide destinée aux millions de personnes déplacées de force afin qu’elles rentrent chez elles volontairement, en toute sécurité et dans la dignité.
En mars, l’ONU avait alerté sur l’escalade du conflit qui entraîne des niveaux records de violence sexiste, de déplacements et de faim dans la partie orientale de la République démocratique du Congo (RDC), menaçant de pousser le pays au bord de la catastrophe sans action internationale urgente.
Des décennies de conflit et l’urgence humanitaire qui en résulte ont déjà épuisé et traumatisé des millions de civils. Rien qu’au cours des derniers mois, plus de 700 000 personnes ont été contraintes de fuir leur foyer, portant le nombre total de personnes déplacées à un niveau record de 7,2 millions, avait-elle dénoncé, souligant que pour mettre fin à l’escalade de la crise humanitaire en RDC, il faut s’attaquer à ses causes profondes : le conflit, l’exploitation des ressources naturelles, les flux financiers illicites, les inégalités entre les sexes et les déficits de développement.