La cheffe de la diplomatie congolaise, Thérèse Kayikwamba, est montée au créneau mardi contre l’Union africaine (UA) en dénonçant « l’incapacité » du Conseil de paix et de sécurité de l’organisation continentale à adopter des sanctions contre le Rwanda qui occupe plusieurs localités au Nord-Kivu, province située dans l’Est de la RDC.
A la quatrième édition du Forum d’Assouan (Aswan Forum) pour la paix et le développement durables, intitulée : « L’Afrique dans un monde en mutation : repenser la gouvernance mondiale pour la paix et le développement », tenue les 2 et 3 juillet 2024, au Caire, en Égypte, la voix de la République démocratique du Congo (RDC), victime d’agression rwandaise, a été portée par sa ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères.
Dans son intervention à ces assises qui coïncident avec le 20e anniversaire du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, Thérèse Kayikwamba a exprimé les préoccupations de la RDC concernant « le manque de réponse concrète et contraignante » du CPS face à l’agression rwandaise qui exacerbe les tensions régionales.
Défendant la souveraineté et l’intégrité territoriale de son pays, elle a critiqué ce qu’elle considère comme une « incapacité » du Conseil de paix et de sécurité de l’UA à imposer ses décisions, nuisant à la stabilité et à la sécurité dans la région et sur le continent.
« Malgré la promptitude du CPS à sanctionner et suspendre des États membres en cas de changements de gouvernement non constitutionnels, d’autres violations des principes fondamentaux de l’UA ne suscitent pas encore d’actions aussi rapides et résolues », a-t-elle déploré, insistant sur la nécessité pour les dirigeants africains de faire preuve de plus de courage pour aborder les conversations « inconfortables » afin de trouver des solutions durables aux défis persistants en matière de paix et de sécurité, notamment dans l’Est de la RDC, où opère l’armée rwandaise en coalition avec les rebelles du M23.
Pour la cheffe de la diplomatie congolaise, les valeurs communes de fraternité que chérissent les pays africains « ne doivent pas servir de prétexte pour éviter les discussions difficiles, surtout lorsque les comportements des États membres (notamment le Rwanda) sont en contradiction et en violation des valeurs de l’Union africaine ».
Pilier central de l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA), qui est le cadre de la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité sur le continent africain, le CPS a le pouvoir d’examiner et prendre des mesures dans les situations où l’indépendance nationale et la souveraineté d’un État membre sont menacées par des actes d’agression, y compris par des mercenaires.
Le protocole relatif à sa création lui confère aussi la responsabilité de recommander à la Conférence, conformément à l’article 4 alinéa h de l’Acte constitutif de l’UA, une intervention, au nom de l’Union, dans un État membre dans le cas de circonstances graves, à savoir des crimes de guerre, un génocide et des crimes contre l’humanité tels que définis par les instances internationales pertinentes.
Depuis la résurgence fin 2021 du M23 avec le soutien du Rwanda, au Nord-Kivu, où plusieurs crimes de guerre sont commis, le gouvernement congolais ne cesse d’exiger des sanctions contre le Rwanda.