Le gouvernement congolais a appelé, jeudi 11 juillet, la communauté internationale à prendre des mesures politiques, économiques et judiciaires sévères à l’encontre du Rwanda et de ses dirigeants. L’appel de la RDC fait suite au rapport final du groupe d’experts de l’ONU confirmant les incursions systématiques de l’armée rwandaise à la frontière et sa présence renforcée au Nord-Kivu.
Le rapport onusien a révélé que les Forces rwandaises de défense (RDF), positionnées en première ligne, ont utilisé des armes de haute technologie et participé directement aux combats. Selon ce document, la présence des RDF a été déterminante pour repousser les attaques conjointes des FARDC et des Wazalendo et conquérir de nouveaux territoires dans cette partie Est de la RDC.
Dans sa réaction, la RDC a réclamé à la communauté internationale des représailles sévères contre le Rwanda.
« Le gouvernement de la République appelle toutes les nations civilisées, éprises de paix et de justice, ainsi que l’ensemble de la communauté internationale, à prendre des mesures politiques, économiques et judiciaires sévères à l’encontre du Rwanda et de ses dirigeants, dont les troupes opérant en République démocratique du Congo ciblent aussi les casques bleus et les infrastructures de la Monusco qui sont des faits constitutifs de crimes de guerre », a écrit le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, dans un communiqué.
Kinshasa a noté que les experts onusiens mettent aussi en évidence que le pillage des ressources minières et forestières occasionné par cette instabilité qui profite principalement au Rwanda.
Pour l’administration Tshisekedi, ce rapport (qui confirme également le soutien de l’Ouganda au M23 NDLR) vient ainsi confirmer le point de vue de la République démocratique du Congo sur les raisons économiques de cette guerre d’agression qui a fait plusieurs morts et des millions des déplacés, condamnés à vivre dans des conditions infrahumaines.
Selon une estimation prudente des experts onusiens, 3 000 à 4 000 soldats des RDF étaient déployés dans les territoires de Nyiragongo, de Rutshuru et de Masisi au moment de l’établissement de leur rapport et nombre d’entre eux appartenaient à la deuxième et à la troisième divisions, cette dernière étant commandée par le général de division Eugène Nkubito. Par ailleurs, les forces spéciales de la RDF étaient commandées par le lieutenant-colonel Augustin Ryarasa Migabo, qui rendait compte au major-général Ruki Karusisi, révèle ce document.
La RDC ne mentionne pas l’Ouganda
Dans son communiqué, le gouvernement congolais n’a nullement mentionné l’Ouganda, dont le soutien au M23 a été pourtant confirmé par l’ONU. Une posture qui, pour certains, traduit le refus de Kinshasa d’ouvrir un deuxième front, alors que les FARDC et UPDF mènent des opérations conjointes contre les ADF.
Mais le rapport de l’ONU a indiqué que, depuis la résurgence de la crise du M23, l’Ouganda n’a pas interdit les troupes du M23 et des RDF ni leur passage sur son territoire, y compris lorsque le M23 a pris Bunangana, le 12 juin 2022, avec l’appui de l’armée rwandaise.
Le groupe d’experts a également obtenu des preuves confirmant le soutien actif donné au M23 par certains responsables des UPDF et le commandement des services de renseignement militaire.
« Des sources de renseignement et des personnes proches du M23 ont également confirmé la présence d’officiers du renseignement militaire ougandais à Bunangana depuis au moins la fin de l’année 2023 pour assurer la coordination avec les chefs du M23, fournir de la logistique et transporter les chefs du M23 vers les zones contrôlées par le M23 », a-t-il révélé, précisant en outre que, le 27 janvier 2024, plusieurs sources ont vu des soldats ougandais passer par Kitagoma pour se rendre en République démocratique du Congo et mener des opérations dans les zones contrôlées par le M23, en particulier le groupement Busanza et la ville de Rutshuru, d’où un groupe est allé vers Tongo et l’autre vers Mabenga.