« Les populations congolaises sont fatiguées de la guerre. Elles veulent la paix », a déclaré lundi le chef des opérations humanitaires de l’ONU en RDC, Bruno Lemarquis, encourageant toutes les parties au conflit à s’engager dans la recherche « des solutions politiques ».
Le représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’ONU en RDC, qui était récemment en visite à Bunia, à Djugu, à Goma, à Beni et à Oicha, a affirmé que les centaines de Congolais rencontrés ne demandaient qu’une seule choisie : « La paix ».
A l’occasion de la commémoration de la Journée mondiale de l’aide humanitaire, le 19 août, Bruno Lemarquis a fait des propositions qui pourraient permettre à la RDC de sortir de cette spirale de conflits, de violence et de vies brisées et de s’engager pleinement vers sa trajectoire de développement.
« Il est impératif que : Toutes les parties s’engagent pleinement dans la recherche de solutions politiques ; ensuite que tous les efforts soient faits pour s’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits, notamment les questions foncières, la question de l’exploitation illicite des ressources naturelles et la question des flux financiers illicites – et enfin que tous les efforts soient faits pour appuyer la mise en œuvre de solutions durables pour les personnes déplacées lorsque les conditions le permettent et pour opérationnaliser le Nexus humanitaire-développement-paix pour réduire les besoins humanitaires », a-t-il suggéré.
Selon le chef adjoint de la Monusco, la commémoration de cette année revêt une signification particulière dans le contexte de la République démocratique du Congo, en raison de l’escalade des attaques contre les populations civiles et les acteurs humanitaires.
« Six travailleurs humanitaires ont été tués et 11 enlevés entre janvier et juin de cette année, avec plus de 200 incidents ayant directement ciblé les humanitaires sur le terrain. Le souvenir de nos deux collègues tués le 30 juin dernier lors de l’incendie d’un convoi humanitaire par des groupes de jeunes armés à Butembo est encore vif dans nos esprits », a-t-il déploré, souligant qu’en aucune circonstance, les humanitaires ne doivent être pris pour des cibles.
Bruno Lemarquis a noté également qu’ au cours de dernières semaines, il y a eu une flambée inquiétante d’attaques de groupes armés contre les populations civiles dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Entre janvier et juillet, plus de 630 civils ont été tragiquement tués dans les territoires de Mambasa et Irumu, en Ituri, et dans les territoires de Béni et Lubero au Nord-Kivu, a-t-il dénoncé.
Une crise négligée
Fustigeant l’indifférence de la communauté internationale, Lemarquis a rappelé que ces attaques ont occasionné des dizaines de milliers de nouveaux déplacés et la suspension temporaire de l’assistance humanitaire dans certaines zones.
« Malgré la gravité de ces tueries et de ces souffrances, le monde ne s’est suffisamment pas indigné face à cette situation catastrophique. Cette absence d’indignation collective, cette tolérance, remet profondément en question notre humanité et notre capacité à prévenir et à agir contre la violence systématique qui décime des vies innocentes. C’est pour cela que j’appelle cette crise non seulement l’une des plus négligées au monde, mais également l’une des plus tolérées », a-t-il dit.
Pour lui, il est impératif que les voix de ceux qui soient écoutées et entendues et que des mesures concrètes soient prises pour mettre fin à ce cycle de violence insupportable qui dure depuis des décennies et pour protéger les plus vulnérables.
« Nous ne devons pas nous habituer à la violence. Elle est tout simplement inacceptable. Cette année, le thème choisi pour la commémoration de la journée mondiale de l’aide humanitaire, « Agir pour l’humanité », est un appel à l’action« , a-t-il souligné.
Les statistiques sont alarmants. Au premier semestre 2024, environ 7,3 millions de personnes étaient déplacées en RDC. Ce qui correspond à plus de 400 000 nouvelles personnes déplacées depuis décembre 2023. Cependant, le plan de réponse humanitaire pour 2024 est financé à seulement 35%, ce qui, a déploré Bruno Lemarquis, signifie que des centaines de milliers de personnes vulnérables sont laissées pour compte.