Prétexte utilisé par l’administration Kagame pour agresser la RDC, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), une milice qui plonge ses racines dans le génocide rwandais de 1994, sont « un problème de l’ONU » qui, sous le régime du président Mobutu, avait refusé leur rapatriement, a affirmé mardi l’opposant congolais, Martin Fayulu, au cours d’un échange sans concession avec le chef des opérations de paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix en visite à Kinshasa.
Alors que Kinshasa et Kigali ont adopté, sous la médiation de Luanda, un plan de neutralisation de ce groupe accusé par le gouvernement rwandais de véhiculer une « idéologie génocidaire », Martin Fayulu pense que cette question relève de la responsabilité de l’ONU qui autorisa en 1994 un couloir humanitaire au Nord-Kivu, une initiative ayant permis l’arrivée massive des militaires rwandais fuyant la prise du pouvoir à Kigali par Paul Kagame.
« Aujourd’hui, on prend monsieur Tshisekedi en tenaille et on lui dit qu’il doit régler le problème des FDLR. Les FDLR ne sont pas un problème congolais, mais un problème des Nations unies et je lui ai dit que les Nations unies doivent régler le problème des FDLR parce quand Mobutu avait demandé à ce que les FDLR rentrent chez eux, les Nations unies, la France, les USA, la Belgique avaient refusé. Et aujourd’hui, ça devient un problème du Congo », a déclaré le leader de l’ECiDé.
Selon le gouvernement rwandais, les FDLR sont soutenues par les autorités congolaises. Une allégation rejetée par Kinshasa dénonçant un prétexte utilisé par le Rwanda pour soutenir le M23 qui occupe des pans entiers du Nord-Kivu.
Face à l’invasion continue du Rwanda, l’opposant Fayulu a condamné le silence coupable de l’ONU. « J’ai demandé à monsieur Lacroix : Que fait la communauté internationale ? Que fait l’ONU ? Parce qu’aujourd’hui, on a l’impression que nous sommes abandonnés à nous-mêmes. Monsieur Kagame empiète, viole l’intangibilité du territoire de notre pays, envoie le M23, supplétif de l’armée rwandaise, pour détruire le Congo, (et) les nations unies ne parlent pas ».
La cohésion nationale
Pour faire face à ces défis, Martin Fayulu estime que « l’unité est la seule force » des Congolais. Ainsi, a-t-il appelé à prioriser le processus de Kinshasa pour rassembler toutes les parties prenantes autour de leaders spirituels (CENCO et ECC).
« Nous voulons un processus de Kinshasa. C’est pourque les filles et fils de ce pays se mettre ensemble, comprennent les causes profondes de leur problème, qu’ils se disent la vérité et qu’ils se réconcilient en vue de la cohésion nationale pour affronter les ennemis extérieurs », a-t-il proposé.
A Kinshasa, Jean-Pierre Lacroix a rencontré également le président de la République, Félix Tshisekedi, avec qui il a discuté du soutien de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) aux efforts de paix régionaux en cours ainsi que de prochaines étapes pour un désengagement responsable et progressif des Casques bleus.
Le secrétaire général adjoint de l’ONU a, à cette occasion, réitéré l’engagement de la MONUSCO à soutenir le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu dirigé par l’Angola, ainsi que la force régionale de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SAMIDRC).