Les rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise multiplient les actes d’intimidation contre la mission onusienne à Goma, au Nord-Kivu. Selon Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, en violation des résolutions du Conseil de sécurité, les RDF-M23 ont restreint la liberté de mouvement de la Monusco.
« Pour l’instant, la situation est telle que la Monusco a très peu, voire aucune, de liberté de mouvement », a-t-il dénoncé mardi, accusant les RDF-M23 de forcer la reddition des soldats congolais qui se sont réfugiés dans les bases onusiennes.
« En ce qui concerne la République démocratique du Congo, nos collègues des forces de maintien de la paix nous disent que la situation sécuritaire au Nord-Kivu et au Sud-Kivu reste très instable. Au Nord-Kivu, la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) continue d’abriter et de protéger quelque 1 400 personnes dans ses locaux à Goma. Le M23 [Mouvement du 23 mars] a exigé que les personnes protégées dans les bases de la Mission lui soient remises et a publiquement accusé la Mission de libérer des membres armés de l’armée congolaise pour attaquer des civils. Hier, une foule importante s’est rassemblée devant le site de la Mission, mais les manifestants se sont finalement dispersés relativement pacifiquement », a déclaré Stéphane Dujarric lors de son point de presse quotidien.
Sur le plan humanitaire, l’ONU a signalé que, ces derniers jours, plusieurs sites de déplacement ont été vandalisés et pillés. Près de 56 000 personnes déplacées ont été relogées dans 34 centres collectifs nouvellement créés à Goma, principalement des écoles, des églises et des hôpitaux.
« Parallèlement, environ 390 000 hommes, femmes et enfants se trouvent toujours dans les sites de déplacement existants dans et autour de la ville. Les infrastructures ont également subi de graves dommages : au moins 80 écoles et 27 centres de santé ont été vandalisés ou détruits, perturbant l’accès à l’éducation et aux soins de santé. Près de 400 000 étudiants ont été touchés par les récents combats dans la ville de Goma et ses environs », a souligné le porte-parole de Guterres.
Au Sud-Kivu, a-t-il ajouté, des pillages généralisés ont été signalés dans plusieurs quartiers de Bukavu au cours du week-end, notamment dans un entrepôt du Programme alimentaire mondial (PAM), et plusieurs églises et centres collectifs accueilleraient des familles déplacées.
« Je voudrais également signaler un autre exemple tragique du risque que représentent les munitions non explosées dans les conflits. Dans le territoire de Kalehe, qui se trouve au Sud-Kivu, deux enfants ont été tués par une munition non explosée. Des efforts immédiats pour éliminer ces dangers sont essentiels pour protéger les civils », a-t-il indiqué, rappelant que la Monusco s’est retirée du Sud-Kivu en juin dernier, conformément à un plan de désengagement convenu avec les autorités congolaises et demandé par le Conseil de sécurité.
Le haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué mardi qu’entre 10 000 et 15 000 personnes ont traversé la frontière depuis la République démocratique du Congo vers le Burundi au cours des derniers jours, fuyant l’escalade de la violence.