Le conflit rwando-congolais a une longue histoire très sanglante, a noté la Russie, appelant par conséquent à traiter « ses causes profondes ». Mercredi, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, Vassily Nebenzia, représentant permanent de la Russie, a estimé que cette crise ne peut être résolue que par un accord politique entre la RDC et le Rwanda.
Au grand de l’administration Tshisekedi, Moscou a souligné qu’aucune formule politique viable pour mettre fin au conflit ne pourra être trouvée « tant que le dialogue intercongolais ne décidera pas du statut du M23 ».
Pour le pays de Vladimir Poutine, les paramètres de ces processus doivent être définis conjointement par Kinshasa et Kigali. Sinon, a-t-il averti, « tout ce qui se passe actuellement risque de se transformer en un conflit régional interétatique. Nous voyons déjà se multiplier les conditions préalables à ce que cela se produise ».
« Il faut enrayer l’escalade dans l’est de la RDC. Cependant, il n’existe pas de solution militaire à la crise. Elle ne peut être résolue que par un accord politique entre la RDC et le Rwanda, qui doivent revenir à la table des négociations, réaffirmer leur engagement à respecter leurs obligations mutuelles dans le cadre du processus de Luanda et convenir des moyens de stabiliser la situation », a déclaré Vassily Nebenzia.
Cependant, Moscou, épousant la rhétorique de Kigali, a affirmé qu’un règlement durable ne sera possible que lorsque l’État (congolais) cessera ses interactions avec les groupes armés illégaux, en particulier avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
Saluant les efforts déployés par les États de la région et les dirigeants africains pour faciliter la stabilisation de l’est de la RDC, la Russie a pris note des décisions importantes prises lors des sommets de l’Union africaine, de la SADC, de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).
« Nous espérons que les parties entendront la voix de leurs voisins sur le continent et que les mesures annoncées seront finalement prises et porteront leurs fruits », a-t-il ajouté, appelant également le Rwanda à réagir aux demandes pertinentes des membres du Conseil de sécurité et de l’Union africaine de lever ses « mesures défensives » et de retirer ses troupes du territoire congolais.
Mercenaires européens en RDC
Dans sa déclaration, Vassily Nebenzia a aussi dénoncé le silence de l’occident face aux activités menées en RDC par des sociétés militaires privées européennes.
« Nous avons tous vu qu’elles remettaient leurs armes aux Casques bleus de la MONUSCO, et que des images du transport ultérieur de mercenaires européens vers Kigali ont été diffusées dans le monde entier. Nous pensons que ces événements ne correspondent pas entièrement à la vision russe du mandat de la mission du Conseil de sécurité de l’ONU. Nous sommes également convaincus que le silence de nos collègues européens et américains sur des faits aussi ambigus est en contradiction avec leur engagement déclaré à condamner la coopération bilatérale africaine en matière de sécurité avec d’autres États. Cela est particulièrement surprenant compte tenu de la campagne de désinformation qui se poursuit depuis des années contre la Russie au sujet de sa coopération renforcée avec les États africains sur les questions de sécurité », a fustigé le diplomate russe, précisant qu’il ne s’agit là que d’une démonstration flagrante de « deux poids, deux mesures » néocoloniale qui, selon lui, est l’une des raisons pour lesquelles les conflits en Afrique se poursuivent.
La Russie a néanmoins assuré qu’elle continuera de soutenir les efforts visant à freiner l’escalade et à rétablir les perspectives d’un règlement diplomatique car, a souligné Vassily Nebenzia, les Congolais ont besoin de paix, de sécurité et de confiance en l’avenir.