Après Bertrand Bisimwa et Corneille Nangaa, c’est au tour de James Kabare, ministre rwandais de l’Intégration régionale et Lawrence Kanyuka, porte-parole du M23, d’être sanctionnés par les USA. Ils sont accusés de perpétuer l’instabilité dans l’est de la RDC, où l’armée rwandaise et la milice tutsie contrôlent de vastes zones, massacrent les civils, attaquent les Casques bleus de l’ONU et exploitent illégalement les ressources naturelles.
Ces sanctions, qui touchent également deux sociétés du porte-parole du M23 enregistrées au Royaume-Uni et en France, comprennent notamment le gel des avoirs détenus aux USA et l’interdiction pour toute entreprise ou citoyen américain de commercer avec les personnes, physiques ou morales, sanctionnées.
Selon l’administration Trump, James Kabarebe est l’agent de liaison du gouvernement rwandais auprès du M23 et orchestre le soutien de l’armée rwandaise au groupe armé. Il gère en outre une grande partie des revenus générés par le Rwanda et le M23 à partir des ressources minérales de la RDC.
« James Kabarebe a coordonné l’exportation de minéraux extraits des sites miniers de la RDC en vue d’une éventuelle exportation depuis le Rwanda », a révélé le Bureau de contrôle des avoirs étrangers du Département du trésor américain, qui a désigné l’ancien conseiller spécial de Paul Kagame pour les questions de défense et de sécurité comme « responsable ou complice » des actions ou politiques qui menacent la paix, la sécurité ou la stabilité de la RDC.
Lawrence Kanyuka Kingston, quant à lui, est au cœur de la stratégie de communication du M23 et de l’Alliance Fleuve Congo, une coalition de groupes rebelles sanctionnée par les USA qui cherche à renverser le gouvernement de la RDC.
« Il mène des actions de sensibilisation médiatique et diplomatique en leur nom. Kanyuka est le propriétaire de la société Kingston Fresh enregistrée au Royaume-Uni et du cabinet de conseil minier Kingston Holding enregistré en France », a expliqué Washington.
Réaffirmant la détermination des USA à garantir une résolution pacifique de ce conflit, Bradley T. Smith, sous-secrétaire par intérim du trésor chargé de la lutte contre le terrorisme et du renseignement financier, a indiqué que « l’action d’aujourd’hui souligne notre intention de demander des comptes aux responsables et dirigeants clés comme Kabarebe et Kanyuka, qui permettent aux RDF et au M23 de mener des activités déstabilisatrices dans l’est de la RDC ».
Fin janvier, le M23 et les Forces de défense rwandaises (RDF) ont pris Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, au terme d’une bataille qui a fait des milliers de morts parmi la population civile. Le M23 et les RDF ont poursuivi leur progression, s’emparant de l’aéroport de Kavumu, plaque tournante des transports dans l’est de la RDC, et occupant la ville de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu.
Pour l’administration Trump, ces sanctions soulignent la nécessité pour le Rwanda de reprendre les négociations dans le cadre du processus de Luanda mené par l’Angola pour parvenir à une résolution du conflit dans l’est de la RDC.
Ainsi, a-t-elle appelé les dirigeants rwandais à cesser de soutenir le M23, lui-même déjà désigné par les États-Unis et l’ONU, et à retirer toutes les troupes des Forces de défense rwandaises du territoire de la RDC.
« Nous appelons le Rwanda à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC. Nous exhortons également les gouvernements du Rwanda et de la RDC à demander des comptes aux responsables des violations et abus des droits de l’homme », a ajouté Washington, soulignant que la persistance du conflit entrave le développement économique et dissuade les entreprises américaines d’investir au Rwanda et en RDC, « une perte pour la région et le peuple américain ».