La Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits humains (1998) est foulée aux pieds dans les zones contrôlées par les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, dans l’est de la RDC, où les DDH sont victimes notamment de disparition forcée, harcèlement, violence physique et assassinat ciblé. Une situation préoccupante dénoncée jeudi par la Mary Lawlor, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des défenseurs des droits de l’homme.
Dans la partie orientale de la RDC, les droits humains ont été plongés en état de mort cérébrale. Le M23 a resserré son emprise, en muselant toute dissidence. Selon l’ONU, même les familles des DDH ne sont pas épargnées.
« Je reçois des informations très inquiétantes selon lesquelles les rebelles du M23 forcent les familles de DDH et de journalistes disparus ou arrêtés à signer des courriers déclarant que leur proche n’a pas disparu et est en bonne santé afin de dissuader les ONG et autres de se mobiliser en leur faveur », a dénoncé jeudi Mary Lawlor, qui prépare son rapport sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, qui sera présenté à la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies en octobre 2025.
Début mars, Lawlor a révélé que des défenseurs des droits de l’homme sont détenus au secret, disparus de force et torturés à Rutshuru et Masisi, dans le Nord-Kivu, tandis qu’au moins six défenseurs des droits de l’homme sont portés disparus après avoir tenté de fuir Goma, suite à la prise de la ville par le M23.
« Ces dernières semaines, j’ai reçu d’innombrables alertes demandant un soutien et j’ai parlé directement avec des défenseurs sur le terrain. Ils vivent dans la peur et les risques sont réels. Récemment, un défenseur m’a informé que les rebelles du M23 avaient dressé des listes de défenseurs des droits de l’homme à appréhender dans les zones qu’ils contrôlent », a-t-elle fustigé.
Selon elle, certains défenseurs des droits de l’homme n’ont pas eu d’autre choix que de fuir leur domicile et ceux qui parviennent à gagner d’autres villes n’ont pas les moyens de trouver un abri ou de subvenir à leurs besoins quotidiens.
« D’autres sont restés dans les zones contrôlées par les rebelles, mais craignent pour leur sécurité. Un défenseur m’a demandé comment il pouvait continuer à se cacher alors que le M23 commençait à effectuer un recensement à Goma », a-t-elle alerté.
Face à cette situation, Mary Lawlor a appelé la communauté internationale à reconnaître sa responsabilité collective à l’égard de ces défenseurs des droits de l’homme et a demandé instamment aux États membres de les rechercher et d’explorer toutes les possibilités d’assistance rapide afin d’éviter que la situation ne se détériore davantage.