A la réunion d’information du Conseil de sécurité, tenue mardi 7 octobre, sur la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, mettant l’accent sur l’Union africaine (UA), le représentant permanent de la Russie, Vassily Nebenzia, a dénoncé le « rôle négatif » des acteurs extérieurs, sans les citer nommément, notamment dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où les Forces rwandaises de défense (RDF) ont commis, selon un rapport onusien publié début septembre, de graves violations du droit international humanitaire susceptibles de constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Convaincue qu’une paix durable en Afrique est impossible sans s’attaquer aux causes profondes des crises, la Russie a fait remarquer que de nombreux conflits trouvent leur origine dans l’héritage du colonialisme, un système qui a, a dénoncé le diplomate russe, perturbé l’évolution naturelle des peuples du continent, détruit des modes de vie millénaires, tracé des frontières arbitrairement et imposé un ordre économique axé sur les intérêts des métropoles.
Selon Moscou, les crises africaines sont exacerbées par diverses formes de néocolonialisme, d’ingérence dans les affaires intérieures et de pressions par le biais de sanctions unilatérales, qui ne font que perpétuer la pauvreté, provoquer des tensions sociales et déstabiliser les nations.
« La situation en Libye en est un exemple frappant : un pays autrefois prospère est plongé dans une crise permanente suite à l’intervention militaire des États occidentaux. L’effondrement de l’État libyen a déstabilisé toute la région du Sahara-Sahel, alimenté la montée du terrorisme et exacerbé les problèmes et les tensions. On observe également le rôle négatif des acteurs extérieurs au Soudan, en République démocratique du Congo et dans d’autres zones sensibles », a dénoncé Vassily Nebenzia.
Face à ce tableau sombre, la Russie a jugé « impératif » d’obtenir justice auprès des anciennes puissances coloniales. Dans ce contexte, le pays de Vladimir Poutine a salué les efforts de l’Union africaine, qui a déclaré 2025 « Année de la justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine par le biais des réparations ». D’après Moscou, la décision de l’Union africaine de prolonger ce thème central jusqu’en 2035 est une étape positive et nécessaire.
« Par principe, nous sommes convaincus que les acteurs régionaux doivent jouer un rôle moteur dans la résolution des crises africaines. La mission collective de l’ONU est de soutenir pleinement leurs efforts sans imposer aux gouvernements nationaux des solutions fondées uniquement sur l’expérience occidentale en matière de renforcement des États et souvent déconnectées des réalités locales. La méthode pour mettre en œuvre cette mission au Conseil de sécurité est simple : prendre en compte les positions des trois pays africains (A3) lors de l’adoption des résolutions de mandat et collaborer de manière constructive avec le pays hôte, dans le plein respect de sa souveraineté », a expliqué V. Nebenzia, soulignant que le renforcement des capacités de l’Union africaine par l’interaction avec les structures des Nations Unies est essentiel pour assurer la stabilité du continent.
L’Afrique a avant tout, selon la Russie, besoin d’une Union africaine unifiée et politiquement forte, ainsi que d’organisations sous-régionales qui assument collectivement la responsabilité du bien-être de leurs régions.
Notant que la plupart des crises africaines affectent la sécurité des pays voisins, le diplomate russe a appelé les États de chaque région à s’efforcer de développer une compréhension commune des causes, des menaces et des stratégies de réponse. Dans la foulée, il a rappelé que maintenir un niveau élevé de confiance dans les efforts régionaux et panafricains nécessite une compréhension mutuelle avec les gouvernements des pays en crise quant à leurs besoins.





