Clef de voûte du Plan national d’investissement agricole (PNIA) ayant pour objectif global de stimuler une croissance annuelle soutenue du secteur agricole de plus de 6%, indispensable pour réduite la pauvreté et assurer la sécurité alimentaire, le projet du parc agroalimentaire de Bukanga Lonzo a été un échec cuisant.
L’Inspection générale des finances (IGF) a confirmé que « la République démocratique du Congo a perdu 287 millions de dollars dans ce projet » accusant le Premier ministre honoraire, Augustin Matata Ponyo d’être « l’auteur intellectuel, matériel et principal de cet échec ainsi que des détournements qui ont eu lieu ».
L’ancien chef du gouvernement congolais a toujours rejeté ces accusations. « Je n’ai pas pris un dollar de ce projet, ni directement ni indirectement », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Sur le plan judiciaire, le procès connait une léthargie. Le camp Matata remet en cause la compétence de la Cour constitutionnelle pour juger un ancien Premier ministre.
Dans une déclaration faite lundi, l’opposant Martin Fayulu et le prix Nobel de la paix Denis Mukwege ont exigé l’arrêt des poursuites judiciaires à l’encontre du sénateur Matata Ponyo Mapon, conformément à l’article 168 de la constitution qui dispose que « les arrêts de la Cour constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours et sont immédiatement exécutoires. Ils sont obligatoires et s’imposent aux pouvoirs publics, à toutes les autorités administratives et juridictionnelles, civiles et militaires ainsi qu’aux particuliers », allusion faite à l’arrêt rendu en 2021 par la haute cour se déclarant « incompétente » pour juger Matata Ponyo.
Plusieurs activistes ne partagent pas cette position. Pour Carbone Beni, par exemple, l’ancien Premier ministre « doit répondre » devant la justice.
« Etre opposant aujourd’hui constitue en rien un échappatoire ou une exemption de rédevabilité d’une gestion passée de la chose publique », a-t-il dit.
Par ailleurs, il souligne qu’être « au pouvoir ne constitue non plus un motif de manipulation de l’appareil judiciaire à des fins propres ».
Abordant dans le même sens, Bopomi Bolapa, coordonnateur national du mouvement citoyen Filimbi, a indiqué que « peu importe le temps que cela prendra, nous gardons l’espoir de voir Matata Ponyo comparaître devant les juges afin qu’il réponde de sa gestion du dossier Bukanga Lonzo ».
L’activiste pro-démocratie martèle que « se dire opposant n’exemptera plus personne de ses responsabilités dans la gestion des affaires publiques ».
Reagan Ndota