Dans un pays où le secteur judiciaire est, selon le président Félix Tshisekedi, « malade », la prise de bec continue à se durcir entre le ministre de la Justice et la magistrature, faisant perdre au patient l’espoir de guérison. Mardi à l’audience solennelle de la rentrée judiciaire 2024-2025 de la Cour de cassation, en présence du chef de l’Etat et du garde des sceaux, le premier président de cette juridiction a dénoncé les discours populistes (de Constant Mutamba) qui, depuis sa prise de fonctions, est en guerre contre une magistrature mafieuse.
Déterminé à éradiquer la corruption et les pratiques mafieuses au sein de l’appareil judiciaire congolais, Constant Mutamba a répliqué cinglantement mercredi au coup de patte du juge Elie-Leon Ndomba Kabeya. Issu des rangs de l’opposition, le ministre de la Justice a assuré qu’il ne reculera pas face aux « réseaux mafieux » tant que le président Félix Tshisekedi, « magistrat suprême », ne lui donnera pas des instructions contraires.
« La justice ne veut pas dire magistrature ! C’est la confusion qui a été entretenue pendant des années. Tous ceux qui crient aux discours populistes ne disent pas quelle est la loi que le ministre (de la Justice) a violée, parce que nous faisons tout conformément à la loi. C’est plutôt eux qui doivent respecter la loi parce que nul n’est au-dessus de la loi. Le régime du plus fort est dépassé. On a le choix, soit de rester dans le statu quo, soit de changer le pays. Lorsque tous ces réseaux mafieux se réunissent, ils auraient dû avoir honte d’ eux-mêmes, parce qu’ils sont affaire à un jeune qui pouvait aimer autant la vie, mais qui se met à leur administrer des leçons de moralité et d’éthique », a tonné mercredi Constant Mutamba lors d’un échange avec les services de son ministère.
Cet antagonisme frontal se durcit à quelques jours des états généraux de la justice. Présentées par Constant Mutamba comme une « thérapie de choc » aux maux qui rongent ce secteur, ces assises se tiendront du 6 au 13 novembre 2024 à Kinshasa.
Il y a quelques jours, il a affirmé que rien n’arrêtera son engagement ferme à humaniser les prisons et cachots, et à veiller à la régularisation des emprisonnements. Selon lui, les magistrats envoient les détenus à la prison centrale de Makala, sans tenir compte de la capacité d’accueil de cette maison carcérale. Une situation qui a occasionné une tentative d’évasion début septembre. A la suite de cet événement ayant entraîné la mort d’une centaine de détenus, le ministre de la Justice a ordonné l’interdiction des transfèrements des détenus préventifs à Makala et Ndolo. Une décision rejetée par le Conseil supérieur de la magistrature, dénonçant la violation de loi.