La justice congolaise a confirmé en appel, lundi 27 janvier, la condamnation à mort du belgo-congolais Jean-Jacques Wondo, considéré comme « auteur intellectuel » du coup d’État manqué du 19 mai 2024. Cette décision a suscité l’ire de Bruxelles, qui vient de rappeler « temporairement » son ambassadeur en poste à Kinshasa « pour consultations ».
Cette sentence a jeté un froid sur les relations diplomatiques entre la Belgique et la RDC. Evoquant la « grande faiblesse des éléments présentés lors des audiences et le manque manifeste de preuves crédibles », le gouvernement belge a annoncé qu’il convoquera l’ambassadeur congolais à Bruxelles pour lui exprimer ses plus vives préoccupations, soulignant qu’il prend très au sérieux la confirmation de la condamnation à mort contre son compatriote.
« Cette conviction aura des conséquences sur nos relations bilatérales, que nous évaluerons. Nous rappelons immédiatement temporairement notre ambassadeur à Kinshasa pour consultations et nous convoquons l’ambassadeur de la République démocratique du Congo pour lui exprimer nos plus vives préoccupations. Notre ambassade à Kinshasa a assisté et observé l’ensemble du processus, du début à la fin, et a fait de même pendant la procédure d’appel. Nous avons souligné à plusieurs reprises l’importance que nous attachons à l’indépendance du pouvoir judiciaire et au strict respect des droits de la défense dans le cadre d’un procès crédible, juste et équitable », a réagi la diplomatie belge.
Bruxelles a rappelé qu’il a condamné à plusieurs reprises la levée du moratoire sur la peine de mort en République démocratique du Congo, considérant cette sentence comme une atteinte au droit le plus fondamental : le droit à la vie.
« La Belgique est non seulement opposée à la peine de mort en toutes circonstances, quel que soit le crime commis, mais elle s’engage également activement en faveur de son abolition au niveau international. Ce point a été réitéré à plusieurs reprises par les autorités congolaises, tant au niveau bilatéral que multilatéral. Nous continuerons à soulever ce point », a-t-elle souligné.
Par ailleurs, le gouvernement belge a exprimé sa profonde préoccupation face à la dégradation de l’état de santé de Wondo. Ainsi, a-t-il promis de continuer de plaider auprès des autorités congolaises pour garantir qu’il reçoive les soins appropriés.
Expert belgo-congolais des questions sécuritaires, militaires et politique, Jean-Jacques Wondo a été arrêté à la suite d’un coup d’État manqué le 19 mai 2024, à Kinshasa, sous l’accusation d’en avoir été l’«auteur intellectuel», bien qu’il ait toujours clamé son innocence; que les accusations étaient fondées sur des témoignages obtenus sous la contrainte et non fiables. Le 13 septembre 2024, Wondo et 36 autres personnes ont été condamnés à mort par un tribunal militaire, une peine confirmée en appel.