A onze mois des élections, le discours séparatiste incitant à haine tribale est utilisé comme stratégie pour convaincre l’électorat. En pré-campagne, certaines personnalités appellent à ne pas voter pour ceux dont l’un des parents n’est pas Congolais. Dans un pays post-conflit où la cohésion nationale n’est pas encore cimentée, si la justice ne réprime pas ces actes, le pire risque d’arriver.
Au cours d’un meeting dans la province du Sud-Ubangi, le ministre du Commerce extérieur, Jean-Lucien Busa, a déclaré que « notre premier ennemi, à Budjala, à Dungu, au Sud-Ubangi, est celui dont son père n’est pas Congolais ».
Ce discours qualifié de « xénophobe » par certains analystes, intervient quelques jours après celui du ministre des Hydrocarbures, Didier Budimbu, demandant à la population de Lubumbashi (Haut-Katanga) de ne pas donner des voix à un candidat président de la République qu’il a qualifié de « chauve-souris dont personne ne maîtrise ni la mère encore moins le père ».
Toutes ces déclarations vont à l’encontre de l’article 13 de la Constitution qui dispose qu’ « aucun Congolais ne peut, en matière d’éducation et d’accès aux fonctions publiques ni en aucune autre matière, faire l’objet d’une mesure discriminatoire, qu’elle résulte de la loi ou d’un acte de l’exécutif, en raison de sa religion, de son origine familiale, de sa condition sociale, de sa résidence, de ses opinions ou de ses convictions politiques, de son appartenance à une race, à une ethnie, à une tribu, à une minorité culturelle ou linguistique ».
Pour l’activisme Fred Bauma, « si on ne prend pas garde, ces élections vont devenir une grosse campagne raciste, tribaliste et même antisémite dont les conséquences seront fâcheuses pour notre pays ». Il appelle les uns et les autres à se ressaisir.
Le silence du président Tshisekedi inquiète
En vertu de l’article 69 de la Constitution, le président de la République représente la nation et est le symbole de l’unité nationale. Et face à la montée des discours séparatistes, le silence du président Félix Tshisekedi inquiète.
« Ce sont les ministres qui incitent à la haine. L’Union sacrée de Félix Tshisekedi est déterminée à diviser les Congolais. On va jusqu’à parler d’ennemis. Le président de la République qui est le symbole de l’unité nationale se tait », dénonce Michael Tshibangu, proche du candidat déclaré à la présidentielle, Moïse Katumbi.
Le cadre d’Ensemble pour la République rappelle que lorsque la femme du chef de l’Etat congolais,(Denis Nyakeru Tshisekedi) « a été accusée d’être rwandaise, la justice/police a agi rapidement sans attendre une plainte. Félix Tshisekedi lui-même a réagi avec fermeté », mais regrette que « quand les ministres répandent des discours haineux, la justice ne fait rien et Félix Tshisekedi se tait ».
« L’Union sacrée divise les Congolais »
Michael Tshibangu accuse la famille politique du président Tshisekedi de diviser les Congolais, en ce moment où le pays a besoin de l’unité pour faire face à l’ennemi qui occupe quelques localités dans la partie Est du territoire national.
« Ils ne pensent qu’au pouvoir. Ils sont prêts à tout pour le pouvoir. L’Union sacrée de Félix, en ce temps de guerre, choisit de diviser les congolais, de semer la haine entre Congolais. Aujourd’hui, ils ont créé une catégorie de congolais qu’il faut considérer comme ennemi », a-t-il condamné.
Et de s’interroger : « Félix Tshisekedi est-il vraiment le symbole de l’unité nationale ou un président qui ne protège que les siens ? ».
Selon lui, si le président Tshisekedi est le symbole de l’unité nationale, il doit mettre un terme à cette « campagne de haine de l’Union sacrée ».
Reagan Ndota