Quatre jours après la tenue du 20e sommet extraordinaire des chefs d’État de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, le président rwandais, accusé par le gouvernement congolais d’être le parrain des rebelles du M23, a affirmé que la RDC ne respecte pas la plupart des accords qu’il a signés.
Au cours d’un échange mercredi 8 février avec les diplomates accrédités au Rwanda, Paul Kagame, qui refuse à nouveau que son pays puisse porter la responsabilité de la crise sécuritaire dans la partie orientale du pays de Félix Tshisekedi, a fustigé l’attitude de la communauté internationale consistant, selon lui, à blâmer le Rwanda au lieu de demander directement aux autorités congolaises de résoudre la problématique des groupes armés, perpétuée par le non-respect des accords.
« Quand vous dites que vous suivez vos propres intérêts et pensez que vous avez un accord avec Kinshasa, la plus grande erreur que vous commettez est que cette personne a rompu des dizaines d’accords avec d’autres et vous pensez qu’il les honorera ! La dernière fois que nous avons parlé à Bujumbura, le président Tshisekedi était là, nous avons discuté de toutes les manières dont il était impliqué dans les discussions, puis nous avons publié une déclaration expliquant brièvement à la population ce dont nous avons discuté et ce qui devrait suivre. L’annonce a été lue mais le lendemain à Kinshasa, ils ont lu une annonce différente de celle de Bujumbura. Alors quand tu me dis que la plupart d’entre nous et d’autres qui sont loin d’ici ne comprennent pas ou ne voient pas tout ça ? », a déclaré le chef de l’Etat rwandais.
« Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que l’histoire des FDLR et du génocide ne revienne plus »
Paul Kagame est revenu également sur la question des rebelles FDLR qui, selon lui, opèrent en connivence avec l’armée congolaise, pour déstabiliser le Rwanda.
L’homme fort de Kigali a laissé entendre qu’il fera tout ce qui est en son pouvoir pour que « l’histoire des FDLR et du génocide, Que les gens jouent avec, ne revienne plus ».
« … Il s’agit de nous, il s’agit de notre vie, de notre histoire et de notre histoire, de qui nous sommes et de notre existence et personne dans ce monde n’en est responsable à part nous-mêmes ! Je le répète encore et encore parce que c’est ce que c’est, c’est une vérité immuable. Si vous voulez changer la vérité par la diplomatie ou la politique, vos intérêts ou d’autres choses, je n’ai peut-être pas grand-chose à y faire, mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que l’histoire des FDLR et du génocide que les gens jouent avec ne reviendra plus vers nous », a-t-il dit d’un ton ferme.
Depuis la résurgence des rebelles du M23 dans l’Est de la RDC, les relations sont tendues entre Kinshasa et Kigali. Plusieurs rapports, notamment de l’ONU, confirment le soutien de l’armée rwandaise à cette rébellion qui était pourtant défaite en 2013.
Lors de son intervention au Mining Indaba en Afrique du Sud, le président congolais Félix Tshisekedi a dénoncé le Rwanda, « obnubilé par nos richesses mais maladroit dans sa méthode pour y accéder, préférant la guerre plutôt qu’un cadre paisible d’échange fructueux gagnant – gagnant ».
Reagan Ndota