Devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, le président congolais a chargé le Rwanda. S’exprimant lundi à la 52e session de l’organe intergouvernemental du système des Nations unies chargé de renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme dans le monde, Félix Tshisekedi a accusé le pays de Paul Kagame de galvauder toutes les initiatives menées pour la restauration de la paix et de l’autorité de l’Etat dans la partie orientale de la RDC.
Droit dans ses bottes, le chef de l’Etat congolais a affirmé que « les autorités rwandaises ont ressuscité le mouvement terroriste du M23, défait en 2013 pourtant par nos forces armées avec l’appui des troupes internationales de la Monusco, pour agresser la République démocratique du Congo et bloquer le processus de paix de Nairobi dans le but inavoué de poursuivre le pillage des ressources naturelles de la RDC et de placer sous l’imperium rwandais, une partie de son territoire national, le Nord-Kivu en l’occurrence ».
Le président Tshisekedi a, dans la foulée, fait remarquer au CDH de l’ONU qu’on ne peut pas prétendre défendre l’exercice des droits de l’homme et des libertés fondamentales en RDC, « tout en laissant progresser l’agression de ce pays par le Rwanda et les massacres de ses populations par des groupes armés terroristes ».
Pour lui, il est temps que la communauté internationale, en particulier les Nations unies, sanctionne les auteurs des crimes et des violations du droit international en RDC, et les contraigne davantage à exécuter le plan de paix issu des processus de Nairobi et de Luanda, plan avalisé aussi bien par l’Union africaine que le Conseil de sécurité des Nations unies.
« C’est bien de dénoncer les violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales, mais c’est encore mieux de contribuer à l’amélioration du rendement des mécanismes et institutions chargés de leur protection et promotion, ainsi qu’à leur enracinement dans la culture sociale , notamment par une plus grande spécialisation de la société civile et la formation des administrations publiques concernées », a-t-il souligné.
Il n’y a aucune collaboration entre FARDC et FDLR
Le président congolais a aussi démenti les « mensonges » du Rwanda selon lesquels, les officiers de l’armée congolaise seraient en collaboration avec les miliciens rwandais des FDLR.
« C’est ici le lieu de dissiper toute équivoque et de porter un démenti cinglant aux allégations fallacieuses des dirigeants rwandais, qui invoquent à qui veulent les entendre, d’une part, la prétendue collaboration entre officiers de l’armée congolaise et commandants des FDLR, alors que j’ai changé le leadership de l’armée depuis plusieurs mois, et d’autre part, le discours de la haine tribale contre les populations dites rwandophones , qui seraient persécutées ou pire encore, menacées de génocide en RDC, et cela pour justifier leurs crimes dans mon pays et obtenir la mensuetude de certains pays », a-t-il déclaré.
Il a ainsi recommandé à toute personne qui en aurait encore le doute, de lire le rapport du groupe d’experts de l’ONU sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, « rapport de septembre 2022, distribué par le Conseil de sécurité et celui lui déposé en janvier dernier, pour se rendre à l’évidence de la présence des forces de défense rwandaises au Nord-Kivu et de leur soutien au M23 ».
Les Rwandophones ne sont pas victimes de discrimination en RDC
S’agissant du discours de haine contre les Tutsi congolais, Félix Tshisekedi a déclaré que son gouvernement reste ferme contre tout individu ou groupe d’individus qui tiendrait un tel discours et réitère sa demande à toute personne, organisation ou partenaire extérieure de le dénoncer.
« La justice congolaise appliquera dans toute sa rigueur les lois de la République aux auteurs des propos d’incitation à la haine tribale ou ethnique », a-t-il prévenu.
Il a précisé par ailleurs que dans le but d’enlever tout prétexte aux dirigeants rwandais,« qui se sont constitués, sans procuration, avocats de cette communauté », le gouvernement de la RDC vient de saisir le HCR, pour lui demander de prendre toutes les initiatives recquises envue de la tenue, dans le plus bref délai, des discussions tripartites RDC-Rwanda-HCR, pour le rapatriement de leurs réfugiés respectifs dans leurs pays, conformément au cadre juridique bilatéral actuel, aux règles du droit international et aux pratiques pertinentes en vigueur en la matière.
Félix Tshisekedi a assuré que la RDC attend impatiemment ces discussions auxquels seront associés du côté congolais, les notabilités coutumières des communautés concernées, afin de régler définitivement les problèmes soulevés et de réaliser une réconciliation vraie et durable entre ces communautés.
Reagan Ndota