A l’appel du député Gratien de Saint-Nicolas Iracan, les populations de la province de l’Ituri, au Nord-Est de la RDC, manifesteront ce jeudi 20 avril 2023, pour dénoncer « le silence et l’inaction » du gouvernement et la communauté internationale face aux « crimes contre l’humanité » commis dans cette partie du territoire congolais par des groupes armés.
Depuis 2017, « plus de 5000 personnes » ont été massacrées, dénonce l’élu de Bunia, dans l’indifférence des autorités congolaises et de la communauté internationale. Selon Gratien Iracan, ces faits constituent des « crimes contre l’humanité ». Selon l’article 7 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI), on entend par « crimes contre l’humanité », des actes (meurtre, extermination, torture, viol, esclavage sexuel…) commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile.
La situation sécuritaire dans la province de l’Ituri reste extrêmement préoccupante en raison des attaques en cours contre les civils. Depuis début avril, des groupes armés ont tué au moins 150 civils dans les territoires de Djugu, Irumu et Mambasa.
Face à cette situation, le député Gratien Iracan mobilise la rue pour réclamer la justice et la solution définitive.
« Je voudrais rappeler à l’opinion iturienne, ce qui se passe dans la province de l’Ituri aujourd’hui, on a aucune raison de rester calme, on a aucune raison d’accepter ce genre de drame. Comment on peut expliquer de 2017 jusqu’à ce jour, nous avons laissé assez de temps au gouvernement, à la communauté internationale, qu’il y ait des crimes et des massacres, et qu’on ait aucune réaction au niveau national et international pour stopper les choses. Ce n’est pas possible, nous sommes tous régis par des droits. La Constitution congolaise exige qu’on respecte la personne humaine qui est sacrée, il y a des droits internationaux qui respectent la vie, mais on n’en parle pas assez. Quand on comptabilise de 2017 jusqu’à ce jour, il y a plus de 4 ou 5 mille morts, mais il y a rien. Et alors, je vous appelle chers Ituriens à réfléchir profondément, il est temps de pouvoir activer toutes les machines pour que l’Ituri soit écouté au niveau national et international », a-t-il déclaré.
Selon l’ONU, depuis le début d’avril, la localité de Komanda est devenue le refuge de milliers de personnes fuyant l’insécurité généralisée dans la chefferie Walese Vonkutu, dans le territoire d’Irumu. Des attaques dans la chefferie ont déjà entraîné le déplacement de plus de 5 000 personnes vers Komanda et ses environs. Elles viennent s’ajouter aux plus de 23 400 autres qui y vivaient depuis plusieurs mois.
Les Ituriens en ont marre. Ils exigent de la communauté internationale et du gouvernement congolais des mesures fortes pour mettre fin à cette crise sécuritaire. Un mémorandum sera déposé au siège de la Monusco à Bunia.
« Je vous invite à aller devant la Monusco, parce qu’ elle est notre partenaire international, il ne faut pas aller les agresser. Mais ils sont mieux placés aujourd’hui pour prendre leurs responsabilité et les porter devant les Nations unies, et constater aujourd’hui que le gouvernement congolais est irresponsable, et aussi porter à l’attention de la communauté internationale qu’elle a abandonné des peuples, des Ituriens, des gens qui ont le même sang que les autres, parce que nous ne sommes pas des sous-hommes, nous sommes régis par le même droit où il y a égalité dans le monde entier », a conclu Gratien Iracan.
Des mois de violence et d’insécurité en Ituri ont déjà contraint 1,6 million de personnes à fuir leur foyer. Les autorités congolaises ont appelées à renforcer les mesures de protection des civils dans les zones touchées. L’ONU a par ailleurs exhorté les groupes armés à respecter les droits humains et le droit international.