Membre de La France insoumise et député de la neuvième circonscription du Val-d’Oise, Arnaud Le Gall, appelle l’administration Macron à prendre des positions diplomatiques « plus fermes » contre le Rwanda qui appuie la déstabilisation de l’Est de la RDC aux côtés des rebelles du M23.
La France doit, selon lui, avoir un discours beaucoup plus clair et cohérent sur ce sujet, notamment dans les instances de l’ONU « où à l’heure actuelle, sa position est affaiblie par le fait que, d’un côté, elle dénonce les groupes armés et en même temps, elle reste silencieuse sur les actions du Rwanda ».
Arnaud Le Gall soutient la proposition de résolution portée à l’Assemblée nationale par son collègue Carlos Martens Bilongo. Elle vise à condamner le soutien du Rwanda aux rebelles du M23 qui occupent, avec le soutien de l’armée rwandaise, une partie de la province congolaise du Nord-Kivu.
Devant la presse mercredi 19 juillet à l’occasion de la présentation de cette résolution, l’élu du Val-d’Oise a dit faire sienne la déclaration de l’ONG Human Rights Watch (HRW) selon laquelle la normalisation des relations entre la France et le Rwanda ne devrait pas se faire sur le dos des victimes du M23.
« La nécessaire réconciliation de la France avec le Rwanda ne doit pas se faire sur le dos du peuple congolais. Elle ne doit pas impliquer le silence sur les actions actuelles du soutien du régime rwandais à un mouvement armé comme le M23, qui sème la terreur dans une bonne partie de l’Est de la RDC », a-t-il déclaré, évoquant des considérations qui, selon lui, font que le président français n’a pas voulu dénoncer, comme c’était attendu au Congo, les actions du Rwanda.
Arnaud Le Gall a parlé notamment de la sensibilité historique des relations entre Paris et Kigali, et la coopération sécuritaire notamment en Centrafrique et au Mozambique. Cependant, prévient-il, « c’est une lourde erreur de qu’on puisse séparer tout ça ! ».
Il a fait remarquer à Emmanuel Macron qu’engager une coopération sécuritaire dans la région avec un pays qui, en même temps, soutient des groupes armés, « c’est une lourde erreur », ajoutant qu’ils ont proposé ce texte « pour que la France prenne des positions diplomatiques plus fermes, il ne s’agit pas d’envoyer l’armée française ».
La France doit éviter l’erreur stratégique commise au Sahel
La proposition de résolution déposée à l’Assemblée nationale vise aussi, dit-il, à proposer une autre voie de la France en Afrique pour éviter que, notamment dans les Grands Lacs et en RDC, se mette en place une dynamique observée au grand Sahel, un processus de rupture entre la France et un certain nombre de pays.
« Ce processus de rupture s’est fait au Sahel en raison d’une succession d’erreurs stratégiques et aussi des discours à géométrie variable. La France était accueillie comme le sauveur qu’elle ne pouvait pas être avec Barkane en 2013. Elle est maintenant pointé comme le responsable de tous les maux, ce qu’elle n’est pas non plus. Dans tous les cas, l’idée est d’empêcher que ce type de processus s’enclenche également dans d’autres régions africaines, notamment en RDC », a-t-il expliqué.
Le texte porté par Carlos Martens Bilongo rappelle que « la voix de la France est attendue sur ce sujet crucial de la guerre qui dure maintenant depuis plus de 20 ans dans l’Est de la RDC ».
Arnaud Le Gall a cependant précisé que l’esprit du texte ne vise pas à faire porter toute la responsabilité de cette crise au pays de Paul Kagame.
« Il ne s’agit pas de dire que tout est de la faute du Rwanda, ce n’est pas l’esprit de cette résolution. Nous savons très bien qu’il y a des acteurs internationaux qui sont impliqués dans la région, que même des institutions et organismes internationaux n’ont pas parfois pu faire ce qu’il fallait, et nous savons très bien que le M23 lui-même comporte, à l’origine, des éléments, y compris de l’armée congolaise », a-t-il dit, soulignant que le soutien du Rwanda à ce groupe armé est « décisif », documenté dans les rapports de l’ONU et de plusieurs ONG.